Le lithium a une efficacité indiscutable dans la psychose maniaco-dépressive où il réduit les symptômes sans entraîner les troubles du comportement que l’on peut observer avec les neuroleptiques. Il a cependant des effets indésirables, même lorsque les concentrations plasmatiques conseillées entre 0,5 et 0,8 meq/L sont respectées, et plus fréquemment lorsqu’on les dépasse.
- Tremblement des mains qui peut devenir très gênant fréquemment observé. On tend à réduire son importance en modifiant la répartition de l’administration du lithium, c’est-à-dire en donnant une dose plus élevée le soir que le matin. Les ß-bloqueurs peuvent le diminuer.
- Faiblesse musculaire
- Augmentation de poids
- Polyurie entraînant une polydipsie, car le lithium inhibe la réponse du rein à l’hormone antidiurétique en agissant sur les aquaporines 2. Cette polyurie peut s’atténuer au cours du traitement, mais lorsqu’elle persiste et entraîne un diabète insipide, il faut arrêter le traitement.
- Inhibition de la sécrétion des hormones thyroïdiennes, ce qui entraîne généralement un goître compensatoire sans hypothyroïdie véritable
- Elévation de la calcémie et élévation de la concentration de parathormone dans le plasma
- Hyperleucocytose à neutrophiles allant de 10 000 à 20 000 mm3 au lieu de 7 à 8 000 normalement. Cette hyperleucocytose est réversible à l’arrêt du traitement.
- Troubles neurologiques qui s’observent essentielle-ment lors des surdosages et des intoxications : ataxie, confusion mentale, délire, hallucinations, nystagmus, convulsions. Les symptômes annonçant une intoxication sont des contractions musculaires, des difficultés à écrire, une démarche difficile, une apathie et une dysarthrie.
- Risque tératogène : il est conseillé d’arrêter le lithium avant une grossesse et de ne pas le prescrire pendant celle-ci car, expérimentalement, il s’est montré tératogène. Cependant la plupart des femmes qui ont pris du lithium durant leur grossesse ont donné naissance à des enfants normaux et la poursuite du traitement par le lithium peut être envisagée moyennant un contrôle échocardiographique foetal.
- Il est conseillé d’arrêter le lithium au moins une semaine avant le début d’un traitement par électrochoc.
- Les études comparant les capacités intellectuelles pendant la prise de lithium et après son arrêt, chez les malades atteints de psychose maniaco-dépressive, indiquent que le lithium pourrait réduire leur créativité et leur mémoire. Cette crainte peut expliquer l’abandon du lithium par certains malades malgré son efficacité thérapeutique.
- Lorsque le lithium est efficace chez un malade, son arrêt plus ou moins prolongé pourrait créer un état réfractaire conduisant à une diminution de son efficacité lorsqu’il est repris ultérieurement. Cette observation reste toutefois à vérifier.
Cette énumération d’effets indésirables du lithium est à prendre en considération mais ne doit pas conduire à exclure son utilisation car, lorsqu’il est prescrit à bon escient, ses effets bénéfiques l’emportent largement sur ses effets indésirables possibles.
En raison de ses effets indésirables, la mise en route d’un traitement par le lithium nécessite un bilan rénal (dosage de l’urée et de la créatinine, recherche d’une protéinurie, ionogramme) un bilan thyroïdien, surtout s’il y a suspicion d’hypothyroïdie, une formule numération sanguine et éventuellement un test de grossesse.
Au cours du traitement, la mesure de la lithémie, fréquente en début de traitement, lors de l’adaptation de la posologie, peut ensuite être beaucoup plus espacée, un contrôle par mois ou tous les deux ou trois mois par exemple. Mais il faut contrôler la lithémie en cas de suspicion d’intoxication ou d’inefficacité du traitement, ou lors de la prescription concomitante de médicaments pouvant modifier son élimination.
Les médicaments pouvant être utilisés à la place du lithium dans le traitement de la psychose maniaco-dépressive et les troubles apparentés sont appelés normothymiques : ce sont le tégrétol, la carbamazépine, l’acide valproïque (divalproate de sodium, DEPAKOTE*, et le valpromide, DEPAMIDE*) et peut-être la lamotrigine. Selon les études dont on dispose, la carbamazépine et l’acide valproïque auraient des effets presque équivalents à ceux du lithium qui reste le produit de référence. Ils pourraient peut-être être associés dans les cas rebelles : soit lithium plus carbamazépine, soit lithium plus acide valproïque, avec réduction possible de la posologie de chacun d’eux.
Remarque :
Le lithium, sous forme de gluconate, est utilisé en gel dermatologique dans le traitement de la dermatite séborrhéique du visage de l’adulte. Son mécanisme d’action est mal connu : il aurait une action antifongique sur Malassezia furfur.
Lithium, gluconate |
Lithioderm* gel dermique |
D’autres médicaments peuvent être utilisés localement dans le traitement de la dermatite séborrhéique : le kétoconazole (Ketoderm*) et le ciclopirox olamine (Mycoster* crème).
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On ne rèpond jamais à la question pourtant souvent posèe: au bout de combien de temps le lithium fait-il effet?
Il est difficile de donner une réponse précise à votre question. Le lithium est le médicament essentiel dans le traitement des troubles bipolaires mais il est moins efficace dans le traitement des accès, maniaque ou dépressif, que pour leur prévention. C’est un médicament de fond pour la prévention des accès, il doit être pris régulièrement tous les jours pour assurer un taux sanguin stable et suffisant et alors il « normalise » la plupart des malades bipolaires et est efficace pour réduire le risque de suicide.