Auteur : Pierre Allain

Androgènes – Effets

La testostérone et la dihydrotestostérone agissent au niveau nucléaire en modulant la synthèse protéique. Elles agissent sur le même récepteur mais la dihydrotestostérone a plus d’affinité pour le récepteur que la testostérone. Schématiquement, la dihydrotestostérone est l’hormone active au niveau sexuel, tandis que la testostérone paraît active comme anabolisant et comme freinateur de la sécrétion des stimulines hypophysaires. L’estradiol, présent chez l’homme, a un certain nombre d’effets, il favorise la soudure des cartilages de conjugaison.

Effets sexuels

  1. Au cours de la différenciation sexuelle de l’embryon :
    Le phénotype masculin est sous la dépendance de la sécrétion de testostérone par le testicule foetal (sexe gonadique) à partir de la huitième semaine après la conception. En absence de gonade, ovaire ou testicule, la différenciation se fait vers le phénotype féminin. Sous l’influence de la testostérone et de son métabolite actif, la dihydrotestostérone, il y a développement des canaux de Wolff pour donner l’épididyme, le canal déférent et le canal éjaculateur et régression des canaux de Muller, probablement par activation d’enzymes protéolytiques. L’hormone antimullérienne, appelée aussi substance antimullérienne, glycoprotéine dimérique, sécrétée par le testicule foetal, inhibe le développement des canaux de Muller et provoque leur involution. Une autre protéine, appelée SF-1 (steroidogenic factor-1) joue un rôle certain, mais encore mal précisé, dans la différenciation sexuelle.
    Chez le foetus femelle, en absence de testostérone, il y a persistance et développement des canaux de Muller et absence du développement des canaux de Wolff.
    Cet effet de la testostérone explique la possibilité de masculinisation du foetus femelle par l’administration à la femme enceinte d’hormones à effet androgène.
  2. Vers la naissance :
    Les hormones sexuelles (testostérone et estradiol) pourraient respectivement préparer l’hypothalamus à un fonctionnement de type cyclique ou non cyclique. Mais les données ne sont pas très claires à ce sujet. Il faut, en tous cas, éviter la prise d’hormones par les nouveau-nés et les nourrissons.
  3. À la puberté :
    Sous l’influence de l’hypophyse, elle-même contrôlée par l’hypothalamus, le testicule augmente sa sécrétion de testostérone. La testostérone et son métabolite actif la dihydrotestostérone provoquent le développement des caractères sexuels primaires qui sont les organes liés à la fonction de génération : conduits et glandes annexes du tractus génital (verge, vésicules séminales, prostate) et des caractères sexuels secondaires (différences tégumentaires, particularités du comportement, modification de la morphologie et de la voix).
  4. Au cours de la vie :
    La testostérone maintient l’intégrité des organes sexuels primaires et secondaires et favorise la spermatogénèse. Après castration, il y a involution des vésicules séminales et de la prostate.
    La testostérone freine par rétro-inhibition la sécrétion des stimulines hypophysaires.

Effets généraux

La testostérone et à moindre degré la dihydrotestostérone ont des effets généraux.

  1. Sur le métabolisme protéique : effet anabolisant.
    Elles entraînent une augmentation du poids, un développement musculaire, en particulier des muscles squelettiques.
  2. Sur la croissance : deux mécanismes entrent en compétition :
    • l’effet stimulant de la croissance par anabolisme protéique.
    • l’effet inhibiteur de la croissance par accélération de la soudure des cartilages de conjugaison.
    Ainsi la testostérone accélère la croissance, mais peut raccourcir sa durée. La castration entraîne une augmentation de taille par absence de soudure des cartilages de conjugaison.
  3. Sur l’os : la testostérone augmente la minéralisation de l’os et en cas de déficience, il se développe une ostéoporose.
  4. Sur l’hématopoïèse : la testostérone, essentiellement par l’intermédiaire de son métabolite, la dihydrotestostérone, en stimulant la production d’érythropoïétine, augmente le nombre des globules rouges et, en conséquence, l’hématocrite qui est plus élevé chez l’homme que chez la femme. Ceci explique que la testostérone et les anabolisants ont pu être donnés dans le traitement de certaines anémies.
  5. Sur le métabolisme de l’eau et des ions : la testostérone augmente la rétention sodée et élève la calcémie.
  6. Sur les glandes sébacées : apparition d’acné à la puberté.
  7. Sur le système nerveux central : augmentation possible de l’agressivité.

Dissociation des effets sexuels et généraux

L’hormone mâle a des effets de type sexuels et des effets de type anabolisant protéique.

Diverses substances ont été synthétisées pour tenter de dissocier l’effet sexuel de l’effet anabolisant en ne conservant que ce dernier : ces substances sont appelées stéroïdes anabolisants. Il n’a cependant pas été possible d’obtenir des stéroïdes anabolisants dénués d’effet hormonal.

La mesure de l’activité hormonale et anabolisante est effectuée chez le rat mâle castré : l’activité anabolisante est mesurée par l’augmentation de poids du muscle releveur de l’anus et l’activité hormonale par l’augmentation du poids des vésicules séminales. Plus la substance a un effet important sur le muscle releveur de l’anus et un effet faible sur les vésicules séminales, plus elle est considérée comme dénuée d’effet hormonal.

Les stéroïdes anabolisants, comme la nandrolone, la trenbolone et la noréthandrolone, qui sont des dérivés nor-stéroïdes où la fonction méthyl en 19 a été remplacée par un hydrogène, ont des propriétés semblables à celles de la testostérone, mais avec un effet moindre sur le plan sexuel car ils ne sont pas, en principe, métabolisés en produits actifs par la 5-a-réductase.

Remarque

La déhydroépiandrostérone ou DHEA, sécrétée essentiellement par la corticosurrénale, est un précurseur de l’androstènedione. Elle a un faible effet androgénique Sa concentration plasmatique s’abaisse avec l’âge. Ce fait laisse supposer que la DHEA pourrait avoir un rôle protecteur contre divers troubles liés au vieillissement, mais ceci n’a pas été clairement démontré. L’administration de DHEA à des femmes ayant une insuffisance surrénale a amélioré leur état général et leur sexualité. La DHEA pourrait également réduire la perte osseuse post-ménopausique. Chez l’animal, la DHEA restaure les fonctions des lymphocytes T altérés. Il reste à déterminer si, lorsque la DHEA est utilisée à long terme, ses éventuels effets bénéfiques l’emportent sur ses effets indésirables.