Hormis le cas exceptionnel où la différence entre les résultats est évidente, le recours aux statistiques est nécessaire.
Les statistiques comparent des groupes de chiffres et indiquent la probabilité pour que la différence observée entre deux groupes ne soit pas due au hasard. Elles ne donnent aucune indication sur l’origine ou la cause de ces différences, ni sur la supériorité d’un groupe par rapport à l’autre.
Les conclusions dépendent seulement de la logique sur laquelle se fonde la méthodologie utilisée. Lorsqu’on obtient un résultat statistiquement significatif mais surprenant, on s’interroge sur la méthodologie utilisée, par la recherche d’un biais ou d’une erreur. Par exemple, quelques essais cliniques de l’efficacité des médicaments homéopathiques ont donné des améliorations statistiquement significatives, d’emblée acceptées par les médecins homéopathes mais contestées par les autres en raison d’un manque de rigueur dans le protocole utilisé. Par ailleurs, une faible variation, par exemple atténuation d’un symptôme de quelques pour cent, même statistiquement significative, reste faible.
L’interprétation des résultats d’un seul paramètre est généralement difficile car si, par exemple, un médicament entraîne un abaissement de la pression artérielle moindre qu’un autre, on pourra le considérer, soit comme moins efficace, soit comme étant moins brutal et donc plus approprié. De plus, cette comparaison de deux médicaments n’est valable qu’à la posologie utilisée et il peut arriver que la posologie optimale de l’un ou l’autre n’ait pas été bien déterminée.
L’interprétation des résultats d’un ensemble de paramètres mesurés, en vue du bilan global, sera encore plus difficile. Lors de la comparaison de deux produits, le «meilleur» serait soit le plus efficace, soit celui qui aura la plus longue durée d’action, soit le mieux toléré, en fonction du poids que l’on donnera à chacun des critères. En effet, un médicament est rarement dénué de tout effet indésirable et il faut toujours tenir compte du rapport bénéfice/risque. Ce rapport est particulièrement difficile à établir pour un médicament d’utilisation très prolongée, plusieurs années par exemple. Un hypocholestérolémiant qui abaisserait beaucoup le cholestérol sanguin mais augmenterait la mortalité pourrait être considéré comme bénéfique si l’on ne prenait en compte que l’abaissement du cholestérol jugé trop élevé!
Ces constatations expliquent les difficultés rencontrées pour mettre en évidence d’une manière objective les différences (avantages, inconvénients) entre deux ou plusieurs médicaments en vue d’aboutir à un classement préférentiel dans une indication donnée.
La méthode qui consiste à rassembler et à étudier simultanément les résultats provenant d’études indépendantes traitant du même sujet, s’appelle méta-analyse. Elle est fréquemment utilisée en médecine, notamment pour tenter d’évaluer l’efficacité des médicaments.
La mise en uvre des protocoles lourds et complexes ne signifie pas que les observations isolées des médecins praticiens, généralistes ou spécialistes, des infirmières et des malades eux-mêmes, sont désormais dénuées d’intérêt. Leurs observations, pour peu que l’on y prête attention, peuvent permettre la mise en évidence d’une nouvelle indication ou d’un effet indésirable méconnu d’un médicament.
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