Auteur : Pierre Allain

Etain, Sn

L’étain, Sn, comme le silicium, le germanium et le plomb appartient au groupe IVA de la classification périodique des éléments. Son numéro atomique est 50, sa structure électronique (Kr) 4d10 5s2 5p2. Il est présent dans la nature sous la forme de plusieurs isotopes stables, la masse du plus abondant est 118. Voir Généralités Métaux.

Il existe sous la valence +2 et +4. Le rayon ionique de Sn2+ est de O,93 A°, celui de Sn4+ 0,71 A°. On a ainsi le bichlorure d’étain SnCl2 et le tétrachlorure d’étain SnCl4.  

Présence

L’étain est présent notamment dans le minerai appelé cassitérite sous la forme d’un oxyde SnO2.

L’étain est un métal blanc argenté, plus dur et plus dense que le plomb.

L’étain est présent dans la vaisselle et dans certaines boites de conserves qui sont dites étamées c’est-à-dire que leurs parois internes sont couvertes d’une couche d’étain.

Il entre dans la fabrication d’objets décoratifs, de certaines alliages comme le bronze, contitué de cuivre et d’étain.

Il est utilisé en soudure, sa température de fusion est de 232°C.

Dans les dérivés organiques l’étain existe à l’état divalent comme dans le chlorure d’éthylétain CH3-CH2 Sn Cl mais surtout à l’état tétravalent dans de nombreux dérivés comme les suivants :

  • (CH3)3 Sn Cl, chlorure de triméthyl étain
  • ( CH3)2 Sn Cl2, dichlorure de diméthyl étain
  • (CH3 Sn Cl3, trichlorure de méthyl étain
  • (CH3-CH2)4 Sn, tétraéthyl étain
  • (C6 H5)3, Sn Cl chlorure de triphényl étain  

Les dérivés organiques de l’étain sont utilisés dans les peintures, les plastiques et comme fongicides , comme désinfectants et dans certains produits de nettoyage.

Toxicocinétique

Le métabolisme de l’étain inorganique est mal connu. L’apport alimentaire d’étain sous forme inorganique serait de 200 µg à quelques mg /jour . Sa biodisponibilité par voie orale serait assez faible, il n’y aurait pas d’accumulation dans les tissus.

La concentration d’étain dans le plasma est normalement inférieure à 1µg/L. 

L’élimination se fait dans les selles et l’urine. L’élimination urinaire serait de l’ordre de quelques µg/jour.  

Les dérivés organiques de l’étain qui sont liposolubles, contrairement à l’étain minéral, sont absorbés par voie digestive. En raison de leur liposolubilité, ils pénètrent bien dans le cerveau, ce qui explique leur neurotoxicité.

Ces dérivés organiques de l’étain sont métabolisés dans l’organisme notamment par le foie. Ils sont successivement transformés par élimination des substituants alkyl : ainsi le tétraéthyl étain. est transformé en tétraéthylétain, triethylétain, diéthylétain, et en monométhylétain.  

Toxicité

L’étain n’est pas un élément essentiel. 

La toxicité de l’étain dépend de la forme sur laquelle il est présent. Ainsi la DL50 en mg/Kg par voie orale chez le rat est pour le bichlorure d’étain, 700 mg et pour le tétraéthyl étain 16 mg.  

L’étain minéral est peu toxique et il faut absorber une dose relativement élevée, supérieure à 250 mg pour provoquer des troubles digestifs chez l’adulte.  

Les dérivés organiques de l’étain, par contre, sont toxiques et provoquent des troubles neuropsychiatriques : céphalées, vertiges, troubles auditifs, états confusionnels, somnolence, désorientation, hallucinations, agitation, agressivité, perte de mémoire, troubles de l’équilibre, stupeur. Il est possible que les dérivés de l’étain aient une toxicité mitochondriale. 

Le Stalinon, médicament destiné au traitement de l’acné et des furoncles, a provoqué dans les années 1950, des intoxications mortelles. Il contenait du diodure de diméthylétain, (CH3-CH2)2SnI2, du monoiodure de tréthylétain (CH3)3SnI, du mono iodure de triéthylétain (CH3-CH2)3SnI. Au bout de quelques jours de traitement par le Stalinon, des troubles méningés apparurent, mais ils purent parfois être absents, suivis d’un coma et de la mort par insuffisance cardiaque ou insuffisance respiratoire.

Diagnostic

Le diagnostic d’une intoxication par les dérivés organiques de l’étain est difficile à établir en absence d’informations données par l’interrogatoire du malade et de son entourage.

Il faut cependant rappeler que la concentration normale d’étain dans le sang est inférieure à 1µg/L et ceci peu servir de point de repère pour détecter une intoxication.

Traitement 

Il n’y a pas de traitement, autre que symptomatique, de cette intoxication.