Les variations de la concentration du Ca2+ intracellulaire interviennent dans l’initiation des phénomènes électriques et mécaniques : dépolarisation, contraction des muscles lisses ou striés, sécrétion hormonale, activation d’enzymes comme la phospholipase A2 ou diverses protéases.
Dépolarisation cellulaire
- Au niveau du coeur :
- La dépolarisation diastolique lente est à l’origine de l’automatisme cardiaque. Le mécanisme de cette dépolarisation, encore mal connu, pourrait être une entrée de calcium et de sodium et une inhibition de la sortie de potassium.
- La phase 0 de dépolarisation est plus ou moins rapide selon le tissu considéré :
- Au niveau des neurones :
Contraction musculaire
L’augmentation de la concentration de calcium est à l’origine de la contraction musculaire et sa diminution de la relaxation. Cependant les transferts de calcium diffèrent selon la nature des muscles : muscle strié cardiaque, muscle strié squelettique, muscle lisse vasculaire.
- Dans la contraction du muscle strié cardiaque interviennent à la fois l’entrée du Ca2+ extracellulaire par des canaux de la membrane plasmique et sa libération par le réticulum sarcoplasmique. La variation de la concentration de Ca2+ myocardique durant la révolution cardiaque illustre la rapidité et l’importance des échanges : elle est environ 10 fois plus élevée pendant la systole que pendant la diastole.
- Le calcium extracellulaire pénètre dans la cellule pendant la phase 2 ou plateau du potentiel d’action. Les canaux calciques voltage-dépendants concourent à l’élévation de la concentration de calcium intracytoplasmique des fibres myocardiques. Cette augmentation provoque un renforcement de leur contraction.
- L’inhibition de l’entrée de calcium par les anticalciques peut provoquer un effet inotrope négatif.
- L’élévation de la concentration d’AMP cyclique intracellulaire, en favorisant la phosphorylation des canaux calciques voltage-dépendants, tend à augmenter l’entrée de calcium. L’AMP cyclique augmente de plus le repompage du calcium par le réticulum sarcoplasmique, ce qui diminue la durée de la contraction.
- Dans la contraction des muscles striés squelettiques, c’est la libération de calcium intracellulaire et sa recapture par le réticulum sarcoplasmique qui jouent le rôle essentiel; ceci est une des explications de l’absence d’effet des inhibiteurs des canaux calciques sur les muscles striés squelettiques.
- Dans la contraction des fibres des muscles lisses, la pénétration du calcium extracellulaire joue un rôle plus important que son relargage par le réticulum sarcoplasmique.
- Leur contraction est, d’autre part, indépendante des canaux sodiques dont l’inhibition par la tétrodotoxine est sans effet.
- Au niveau des fibres lisses vasculaires, le calcium agit essentiellement par l’intermédiaire de la calmoduline. Le calcium se combine à la calmoduline et le complexe calcium-calmoduline active la MLCK (myosin light chain kinase) en formant avec elle un complexe ternaire. Ce complexe transforme la myosine en myosine phosphorylée qui se combine à l’actine, entraînant une contraction des fibres lisses. Le complexe Ca2+/calmoduline active diverses autres enzymes.
- L’élévation de l’AMP cyclique dans les muscles lisses a un effet opposé à celui du calcium, car elle transforme la MLCK, inactive mais activable, en MLCK phosphorylée qui ne peut pas se combiner à la calmoduline pour phosphoryler la myosine. Or c’est la myosine phosphorylée qui, en se liant à l’actine avec libération d’énergie à partir de l’ATP transformée en ADP, provoque la contraction musculaire. Des médicaments antagonistes de la calmoduline sont en cours d’étude.
Transports intracellulaires
Le calcium intervient dans la migration d’organites intracellulaires : récepteurs, vésicules. Il joue un rôle déterminant dans les sécrétions et les phénomènes d’exocytose.
Modulation de l’activité de diverses enzymes
- Enzymes cytoplasmiques
- Enzymes mitochondriales
- L’augmentation du calcium intramitochondrial active les deshydrogénases responsables de la transformation du pyruvate en acétate, de l’isocitrate en a-cétoglutarate et de l’a-cétoglutarate en succinyl-CoA. En un mot, l’augmentation du calcium intramitochondrial active le cycle de Krebs et la formation de NADH et augmente la synthèse d’ATP. Les médicaments qui augmentent la concentration de calcium intra-mitochondrial, en inhibant par exemple l’échangeur Na+/Ca2+ mitochondrial, auraient un effet bénéfique dans certaines cardiomyopathies.
- Enzymes nucléaires
- Le calcium est indispensable au fonctionnement de la cellule et à sa replication mais son excès a des effets néfastes. Ainsi, au cours du stress oxydatif ou à la suite de l’hyperstimulation des récepteurs de type glutamate, l’augmentation du Ca2+ intracellulaire entraîne une hypercontracture des muscles striés ou lisses, une hyperactivation d’enzymes comme les phospholipases et surtout les endonucléases qui, par altération du DNA, participent à l’apoptose.