L’histamine est un médiateur qui intervient dans la sécrétion gastrique, la régulation de la vigilance et certaines manifestations allergiques.
Métabolisme
Biogenèse
L’histamine provient de la décarboxylation de la L-histidine sous l’influence de la L-histidine décarboxylase, enzyme inductible dont l’activité est inhibée par la tritoqualine. Mais l’histidine est à l’origine de substances autres que l’histamine.
La prise d’histidine par voie buccale pourrait réduire l’appétit.
Distribution
À l’état normal, on trouve l’histamine dans tous les tissus des mammifères, les plus riches étant le poumon, le foie et la peau. Dans les tissus, l’histamine se trouve surtout dans les mastocytes (cellules dont le cytoplasme contient de nombreuses granulations basophiles), liée à des substances acides comme l’héparine. Son turn-over y est lent : après déplétion, il faut plusieurs semaines pour le retour au niveau initial. Le cerveau, en particulier l’hypothalamus, contient aussi de l’histamine dont les concentrations varient au cours du nycthémère.
La concentration d’histamine dans le plasma est inférieure à 1 microgramme par litre par litre mais elle peut être plus élevée chez les asthmatiques. La concentration sanguine est de 10 à 100 microgrammes par litre, elle est localisée essentiellement dans les basophiles. Sa concentration s’élève au cours des leucémies myéloïdes chroniques et chez les ulcéreux.
Dans la cellule gastrique et le système nerveux, le renouvellement de l’histamine est rapide car elle est libérée continuellement.
Libération
- À la périphérie :
- Des cellules comme les basophiles et les mastocytes peuvent libérer beaucoup d’histamine lors des réactions antigène-anticorps et sous l’influence de médicaments ou de produits toxiques. Les cellules de type entérochromaffine de l’estomac libèrent de l’histamine lorsqu’elles sont stimulées par la gastrine.
- Au niveau du système nerveux central :
Catabolisme
L’histamine libérée hors de la cellule subit une inactivation par transformations biochimiques, soit par désamination oxydative sous l’effet de la diamine oxydase, soit par N-méthylation sous l’effet de la N-méthyl transférase. Une partie de l’histamine libérée dans la circulation sanguine se fixe sur les globulines plasmatiques.
Effets et récepteurs
Il existe au moins deux types de récepteurs histaminiques postsynaptiques appelés H1 et H2, des récepteurs H3 surtout présynaptiques, présents notamment dans le cerveau, et des récepteurs H4 décrits plus récemment. Le rôle des récepteurs H1 et H2 est le mieux connu.
Effets H1
La stimulation des récepteurs H1 entraîne :
- la contraction des fibres lisses, notamment bronchiques et digestives, par l’intermédiaire des protéines G qui activent la phospholipase C, conduisant à une augmentation du Ca2+ intracellulaire. Un aérosol contenant de l’histamine déclenche une bronchoconstriction, mais le rôle de l’histamine dans la physiopathologie de l’asthme n’est pourtant pas déterminant.
- une vasodilatation capillaire, sans doute par libération de monoxyde d’azote. Cette vasodilatation est à l’origine de la rougeur du visage et de certaines céphalées et tend à abaisser la pression artérielle. En cas de choc anaphylactique, il y a libération de beaucoup d’histamine, à l’origine d’un collapsus par piégeage du sang dans des vaisseaux dilatés. L’augmentation de la perméabilité capillaire, responsable de la réaction œdémateuse, provient de l’ouverture des sphincters précapillaires et de la dilatation capillaire aggravée par la contraction des veines efférentes.
- par effet central, une augmentation de la vigilance : l’inhibition de cet effet stimulant par les antihistaminiques H1 qui traversent la barrière hémato-encéphalique explique leur effet sédatif.
Effets H2
La stimulation des récepteurs H2 qui agissent par l’intermédiaire de l’AMP cyclique entraîne :
- une augmentation de la sécrétion gastrique d’acide chlorhydrique qui peut être considérée comme le principal effet H2. La stimulation de la sécrétion de HCl par l’histamine met en jeu une cascade de réactions : stimulation du récepteur H2, activation de l’adénylcyclase, augmentation de l’AMPc qui module l’activité des protéines kinases, qui elles-mêmes interviennent sur la H+/K+-ATPase, responsable de l’excrétion de protons dans le liquide gastrique.
- une stimulation cardiaque : effets inotrope et chronotrope positifs.
- une vasodilatation : la stimulation des récepteurs H1 et H2 entraîne une vasodilatation, mais l’effet vasodilatateur H2 est plus lent à s’établir et plus durable que l’effet H1.
- un effet bronchodilatateur faible.
- une inhibition possible de la libération de prolactine.
Effets H3 et H4
La stimulation par l’histamine des autocécepteurs présynaptiques H3 réduit la libération d’histamine au niveau du système nerveux central et périphérique et le blocage de ces récepteurs augmente la libération d’histamine qui stimule la vigilance. Le pitolisant, agoniste inverse/antagoniste des récepteurs H3, est commercialisé dans l’indication narcolepsie. Les antagonistes H4 (et agonistes inverses) augmenteraient aussi la libération d’histamine et stimuleraient la vigilance.
Le rôle de l’histamine dans l’inflammation et les réactions immunitaires n’est pas bien défini, elle agirait sur des récepteurs H4 et des antagonistes H4 sont en cours de développement.
Son rôle comme messager intracellulaire reste aussi à préciser. Elle pourrait intervenir dans la croissance cellulaire.
Histaminomimétiques
Le seul agoniste histaminergique commercialisé aujourd’hui est la bétahistine qui est un faible agoniste H1 utilisé pour ses propriétés vasodilatatrices dans le traitement des syndromes de Ménière (vertiges, acouphènes, surdité). La bétahistine est aussi un agoniste H3 qui pourrait diminuer la libération d’histamine au niveau des synapses histaminergiques du système nerveux central.
BETASERC* Cp 24 mg Bétahistine génériques |
Un autre médicament utilisé dans le traitement des vertiges est l’acétyl-leucine; son efficacité semble modeste et son mécanisme d’action inconnu.
Acétyl-leucine |
TANGANIL* Cp Inj |
Un certain nombre de substances, y compris de médicaments, (voir Activateurs de la libération) peuvent provoquer une libération d’histamine endogène pouvant être à l’origine de manifestations pathologiques : sensation de chaleur, céphalée, tachycardie, hypotension artérielle. Ces substances sont des histamino-libérateurs.