Les produits photosensibilisants ont la caractéristique d’être transformés sous l’influence de la lumière naturelle ou artificielle en molécules ayant une grande réactivité chimique et susceptibles d’être à l’origine d’effets indésirables mais aussi d’avoir, dans des conditions particulières, un intérêt thérapeutique. Les produits les mieux connus sont les psoralènes mais d’autres comme le porfimère sont utilisés en thérapeutique.
Psoralènes
Les psoralènes utilisés en thérapeutique sont le méthoxalène (qui s’écrit aussi méthoxsalène) ou 8-méthoxypsoralène et le 5-méthoxypsoralène ou bergaptène.
Les psoralènes s’intercalent dans le DNA, mais ne forment pas de liaisons covalentes avec lui en absence de lumière. Sous l’effet de la lumière, les psoralènes intercalés dans le DNA sont activés, même en absence d’oxygène, et établissent des liaisons covalentes intrabrins ou interbrins avec les bases, ce qui forme des adduits. En présence d’oxygène, il y a en plus formation de radicaux superoxydes qui altèrent le DNA. Par ces deux mécanismes, les psoralènes, sous l’influence de la lumière, inhibent la replication et la transcription du DNA.
Généralement, une lumière ultraviolette (longueur d’onde comprise entre 320 et 380 nanomètres) appelée UVA est utilisée pour activer les psoralènes (la longueur d’onde UVB est comprise entre 290 et 320 nm). Le traitement combinant psoralènes et exposition à la lumière est appelé photochimiothérapie et désigné sous le terme de PUVA (P = psoralène et UVA).
Méthoxalène ou 8-méthoxypsoralène | MÉLADININE* Cp 10mg, Sol applic locale |
La prise par voie buccale ou l’application cutanée de psoralènes suivie d’une exposition non contrôlée à la lumière peut être à l’origine de brûlures d’une extrême gravité.
Par ailleurs, les psoralènes, par différents mécanismes, stimulent la mélanogenèse, ce qui se traduit par un brunissement de la peau. L’importance du brunissement est variable selon les individus.
Les indications des psoralènes sont le psoriasis et le vitiligo. Dans le traitement du psoriasis, c’est l’altération de DNA sous l’effet du psoralène et de la lumière qui réduit la production de cellules épidermiques à l’origine des squames. Dans le traitement du vitiligo, c’est la stimulation des mélanocytes qui est recherchée mais en absence de mélanocytes, on obtient non pas un brunissement mais des brûlures.
L’effet de la lumière est d’autant plus important que la concentration de psoralènes dans les cellules épidermiques est élevée. Cette concentration est à son maximum en moyenne deux à quatre heures après la prise de psoralènes par voie buccale et persiste environ huit heures.
Les psoralènes sont des substances très peu toxiques en absence de soleil, mais elles le deviennent après photoactivation.
En administration unique ou de courte durée, le danger des psoralènes sont les brûlures qui peuvent être extrêmement graves et, après utilisation répétée, un risque accru de cancers de la peau, notamment de mélanomes malins.
Porfimère
Des produits photosensibilisants ayant une affinité pour des cancers internes accessibles à un faisceau de lumière peuvent être administrés avant irradiation par une lumière de longueur d’onde susceptible de les activer. Cette méthode, utilisée à visée thérapeutique, est désignée sous le terme de thérapie photodynamique ou de photochimiothérapie. Elle peut aussi être utilisée à visée diagnostique pour faciliter la visualisation des tissus néoplasiques. L’hématoporphyrine a été une des substances utilisées dans ce but. L’acide 5-aminolévulinique, non photosensibilisant lui-même, est également utilisé car il est métabolisé en protoporphyrine IX, fortement photosensibilisante.
L’hexyl aminolevulinate, Hexvix*, est utilisé en instillation intravésicale pour faciliter le diagnostic des cancers de la vessie : les tissus néoplasiques métabolisent l’aminolévulinate en porphyrines qui, qui lorsqu’elles sont activées par une lumière bleue émettent une fluorescence rouge facile à détecter.
Un polymère de porphyrines d’origine porcine, le porfimère, a été commercialisé récemment. Il est proposé dans le traitement de certains cancers bronchiques ou oesophagiens. Son administration est suivie d’une exposition du tissu tumoral à une lumière d’une longueur d’onde de 630 nm fournie par une source laser et conduite jusqu’à la tumeur par une fibre optique.
Des précautions doivent être prises pour limiter l’exposition corporelle à la lumière solaire ou à une lumière artificielle intense après administration de produits photosensibilisants pendant une durée qui dépend du temps nécessaire à leur élimination car ils se distribuent dans tout l’organisme.
La vertéporfine (VISUDYNE*), dérivé de la benzoporphyrine, est utilisée en ophtalmologie pour le traitement de la dégénérescence maculaire sénile, son administration étant suivie d’une activation par une lumière produite par un laser.
Vertéporfine |
VISUDYNE Inj |
Aminolévulinate
L’aminolévulinate est utilisé localement en application cutanée pour traiter les kératoses actiniques et les carcinomes baso-cellulaires. Trois heures après l’application d’aminolévulinate, la zone concernée est exposée à une lumière rouge qui active la protoporphyrine formée.
Aminolévulinate de méthyl |
METVIXIA* crème |
La chirurgie et la cryothérapie constituent le traitement classique de ces atteintes cutanées.
L’hexylaminolévulinate est présenté sous forme d’une solution pour instillation vésicale destinée à faciliter le diagnostic des tumeurs vésicales. Environ deux heures après l’instillation, est pratiquée une cystoscopie en lumière bleue destinée à provoquer une fluorescence rouge par les profimères formées qui sont plus importante dans les tissus cancéreux.
Hexyl-aminolévulinate |
HERVIX* solution pour instillation vésicale |
Ethylétiopurpurine
L’éthylétiopurpurine, associé à l’étain (tin-éthyl-étiopurpurine) est en cours de développement comme agent photodynamique destiné au traitement de divers cancers. Le lutétium exaphyrine, produit soluble dans l’eau, de courte demi-vie dans l’organisme, activé par une lumière de 732 nm est également en cours d’études.
Médicaments photosensibilisants
Un certain nombre de médicaments, du fait de leur structure chimique, ont des propriétés photosensibilisantes non recherchées et provoquent chez les malades les recevant des réactions cutanées parfois graves après une exposition même minime à la lumière. Parmi ces médicaments, on peut citer les fluoroquinolones notamment la sparfloxacine, l’amiodarone, les tétracyclines etc.