Un correspondant de Pharmacorama que je remercie vivement m’a transmis un article (Association of Cord Plasma Biomarkers of In Utero Acetaminophen Exposure With Risk of Attention-Deficit/Hyperactivity Disorder and Autism Spectrum Disorder in Childhood) montrant le danger du paracétamol pour l’enfant lorsqu’il est pris pendant la grossesse. Le paracétamol serait à l’origine de troubles du comportement à type de déficit de l’attention avec hyperactivité et de troubles de type autistique. Le travail cité, publié il y a un an, a été précédé de publications antérieures soulevant les dangers du paracétamol sur le développement de l’enfant.
J’ai regardé les RCP des médicaments à base de paracétamol. Ils sont très nombreux et non strictement identiques mais tous aboutissent à la conclusion que le paracétamol peut être prescrit pendant toute la grossesse.
Pourquoi les dangers précédemment cités n’ont-ils pas été répertoriés dans les RCP? Le RCP de chaque produit est en principe rédigé d’un commun accord entre les firmes pharmaceutiques et les services du ministère de la santé. Comment ces organismes ont-ils pu ignorer ces publications? Et les taire?
Docteur Pierre Allain
J’espère que quelqu’un – le Dr MG ?- pourra faire une courte présentation/traduction de cet article que je n’ai fait que relayer, sans avoir les moyens de bien le comprendre. Et déjà -surtout ?- quelles sont les doses incriminées ?
Cordialement.
Le travail cité est basé sur la mesure des concentrations de paracétamol et de deux de ses métabolites dans le cordon ombilical de l’enfant à sa naissance et non sur la mesure de la quantité paracétamol prise par la mère. C’est donc l’imprégnation de l’enfant par le paracétamol qui est prise en compte, c’est la charge en paracétamol, « acetaminophen burden ».
Ces enfants ont été suivis sur le plan neurologique et psychiatrique pendant plusieurs années et les auteurs ont pu montrer que la fréquence des troubles comportementaux était corrélée aux concentrations les plus élevées de paracétamol.
Les auteurs ont conclu que l’exposition au paracétamol était associée à un risque significativement augmenté de troubles comportementaux.
Ceci vient confirmer les craintes émises dans un article de 2016 « Association of acetaminophen use during pregnancy with behavioral problems in chilhood » JAMA Pediatrics:
https://jamanetwork.com/journals/jamapediatrics/fullarticle/2543281
Merci.
Autrement dit : c’est un signal d’alarme certain, trop imprécis toutefois pour – les organismes de contrôle étant ce qu’ils sont- inspirer des mesures de limitation d’usage. Au mieux on pourra attendre des autorités qu’elles appellent à des études examinant l’effet dose sur de malheureuses souris.
Mais avec d’abord la PMA obligatoire pour tous puis surtout l’utérus artificiel pris en charge par la Globale sociale, ces études -comme de nombreuses autres- seront bientôt sans objet.
Un coup de barre, Mars, et ça repart !
Si on peut pas prendre du paracetamol pendant la grossesse, quel est l’antalgique qui pourrait être pris alors ?
Votre intervention est particulièrement pertinente. Je ne sais pas par quel autre médicament on pourrait remplacer le paracétamol mais je sais qu’il vaut mieux bien cerner ses effets indésirables pour tenter de les éviter.
J’ai écrit ce texte avec point d’interrogation parce que j’ai été frappé par la discordance qui existe entre les RCP du paracétamol (avec des variations selon les spécialités) qui toutes concluent à son innocuité lorsqu’il est prescrit à la femme enceinte et la littérature internationale qui présente des réticences à son utilisation.
Je crois qu’il est préférable que la femme ait connaissance de ces suspicions. Cette connaissance opposée à l’insouciance qui émane des RCP conduit à modérer le recours au paracétamol en dose et en fréquence d’administration, ce qui doit se traduire par une diminution de la « charge » en paracétamol.
https://link.springer.com/article/10.1007/s10654-021-00754-4
Liew Z, Ritz B, Rebordosa C, Lee P-C, Olsen J. Acetaminophen use during pregnancy, behavioral problems, and hyperkinetic disorders. JAMA Pediatr. 2014;168:313–20.
L’article sus-cité n’utilise pas de point d’interrogation comme dans le titre de votre billet…mais appelle à une raison peu discernable ( ce qui a l’avantage de ne pas engager les auteurs de l’article)
« Considering all evidences on acetaminophen use and neurodevelopment, we agree with previous recommendations indicating that while acetaminophen should not be suppressed in pregnant women or children, it should be used only when necessary »
(Jusqu’à maintenant c’était pour le fun, open-bar ! ?)
Stupéfait d’apprendre : « Acetaminophen (or paracetamol) is used by 46–56% of pregnant women in developed countries » !!!!!!