Un communiqué de l’ANSM daté du 19 juin 2017 appelle à mettre la pédale douce sur la prescription de Préviscan*, fluindione, en raison d’effets immuno-allergiques graves.
Ce communiqué indique qu’une enquête de pharmacovigilance a montré que la fluindione, Previscan*, entraînait davantage d’effets indésirables graves de type immuno-allergique que la warfarine, Coumadine*. Mais on le sait, je dirais qu’on le sait depuis toujours, depuis qu’elle existe, années 1960-1970, que la fluindione est plus toxique que la warfarine. Et ceci explique qu’elle n’ait pas été commercialisée à travers le monde… sauf en France où elle est devenue pratiquement la seule antivitamine K utilisée. Cette incongruité franco-française laisse perplexe!!!.
Extrait du communiqué de l’ANSM du 19 juin 2017: « En France, 82% des patients traités par AVK reçoivent de la fluindione (Previscan), 13% de la warfarine (Coumadine) et 5% de l’acenocoumarol (Minisintrom et Sintrom). Ces données sont basées sur le nombre de doses définies journalières consommés en 2016. La warfarine est l’AVK le plus utilisé dans le reste du monde. »
Questions : pourquoi l’ANSM a-t-elle attendu 2017 pour mettre en garde contre les dangers spécifiques du Préviscan* ? Que pensent les utilisateurs qui ont subi les effets indésirables immuno-allergiques du Préviscan?
Voici le texte que j’ai écrit en 2009, 2009 au sujet du Préviscan*
Préviscan*, une originalité française
Le préviscan*, fluindone, est sans doute l’antivitamine K la plus utilisée en France.
Si on consulte le Martindale (ouvrage de référence en matière de médicaments, 35ième édition) on peut lire que la fluindone est une indanedione, mais comme les indanediones sont en général plus toxiques que la warfarine, elle est peu utilisée ; le seul pays où elle est commercialisée est la France, sous le nom de Préviscan*.
Un français traité par Préviscan* qui se déplace hors de France a intérêt à prendre sa réserve car il est sûr de ne pas en trouver dans les autres pays.
Sur quels arguments repose cette exception française ? Aucun. Dans la littérature internationale il n’y a aucune grande étude montrant l’intérêt de la fluindione par rapport à la warfarine, on trouve surtout des articles rappelant ses effets indésirables. Tous les essais cliniques, et ils sont nombreux, sont faits avec la warfarine (Coumadine*, comprimés sécables à 2 et 5 mg).
Sur le plan pratique le Préviscan* est présenté en comprimés quadrisécables de 20 mg. Mais son fractionnement donne 4 morceaux rarement égaux. Avec cette présentation il n’est possible que d’avoir approximativement (inégalités des 4 morceaux) 5, 10 et 15 mg, en dehors du comprimé entier à 20 mg ; et il n’est pas possible d’obtenir des doses intermédiaires.
Préviscan* : originalité ou aberration française ?
Conclusion 2017 et pronostic : Tout ceci évoque une affaire bien de chez nous, le Médiator. Le Préviscan va suivre le même chemin. L’affaire Préviscan est lancée, il sera retiré du commerce à plus ou moins brève échéance car on ne peut pas maintenir en survie un médicament qui n’a que des désavantages par rapport au médicament de référence utilisé à travers le monde. Il n’aurait pas dû être commercialisé. Mais il aura eu une belle « carrière » française!
J’utilise le previscan depuis quelques années.
Je constate une rhinite permanente.
Je suis victime du préviscan qui m’a provoqué une fibrose du foie et je suis malade depuis un an. J’étais en bonne santé avant de prendre ce médicament.
Je m’estime heureuse car je suis vivante ! D’autres victimes n’ont pas eu cette chance…
Le signalement vient d’être effectué par le centre de pharmacovigilance.
Je trouve inadmissible que le préviscan n’ait pas été retiré du marché alors que ses effets indésirables étaient connus et que les professionnels de santé n’aient pas été informés des risques liés à la prise de ce médicament.
L’ANSM vient enfin de procéder au signalement. A quand son retrait définitif du marché ?
Vous avez raison, nous ne sommes pas loin du scandale du médiator !
A FB, merci pour votre témoignage.
J’ajoute à ce que j’ai déjà dit:
Préviscan et Médiator. Affaire Préviscan, car il s’agit d’une véritable affaire et non de la découverte récente d’un effet indésirable nouveau qu’on ignorait jusqu’à présent. Il y a beaucoup d’analogies avec ce qui s’est passé pour le Médiator. Dans les 2 cas ce sont des médicaments qui n’ont pratiquement été commercialisés qu’en France et pour lesquels les Laboratoires et l’ANSM ( ou prédécesseur) ont minimisé leurs effets indésirables particuliers déjà connus. Le Préviscan entraîne plus d’effets indésirables que la Coumadine et on a favorisé la prescription de Préviscan.
Pourquoi et comment le Préviscan est devenu et est resté pendant des années pratiquement le seul anticoagulant antivitamine K utilisé en France alors qu’aucun pays étranger n’a jugé utile de le commercialiser?.
Quel est le nombre de victimes des effets indésirables propres au Préviscan (en dehors des effets sur la coagulation)?.
Pierre Allain
Il semblerait qu’il y ait environ 2% de victimes déclarées mais sans aucun doute, beaucoup plus !
J’espère que mon témoignage en suscitera d’autres et permettra d’éviter l’augmentation du nombre des victimes.
Merci à vous, Pierre Allain, pour votre mobilisation et vos commentaires qui me confirment que l’affaire préviscan n’est pas une fatalité mais plutôt une réalité, réalité à laquelle j’aurais aimé ne pas être confrontée et mon foie non plus d’ailleurs !