On peut distinguer schématiquement trois mécanismes à l’origine des effets indésirables selon qu’ils sont liés ou non aux propriétés pharmacologiques connues des médicaments qui les entraînent.
Effet indésirable directement lié à l’effet pharmacologique principal
- Il peut s’agir de l’effet pharmacologique recherché qui, en raison d’une posologie excessive ou de la susceptibilité particulière du malade, se trouve dépassé : par exemple, hémorragie sous anticoagulant, hypoglycémie après administration d’insuline, etc.
- Il peut s’agir d’un effet pharmacologique non recherché, directement dépendant du mécanisme d’action du médicament.
- Ainsi, la plupart des neuroleptiques commercialisés actuellement entraînent, par leurs effets antidopaminergiques, une élévation de la prolactine et des troubles endocriniens.
- L’atropine, utilisée comme antispasmodique, entraîne par le même mécanisme une sécheresse de la bouche non recherchée.
- Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) en inhibant la cyclooxygénase entraînent de nombreuses conséquences, les unes souhaitées, les autres indésirables.
- La majorité des antinéoplasiques actuels ont de nombreux effets indésirables parce qu’ils altèrent non seulement les cellules tumorales mais aussi les cellules saines. Administrés à l’enfant pour traiter une maladie n’atteignant pas les gonades, la maladie d’Hodgkin par exemple, ils peuvent entraîner à l’âge adulte une stérilité chez l’homme et des anomalies ovariennes chez la femme.
Effet indésirable lié à une propriété pharmacologique parallèle de la molécule
La plupart des molécules ont, en plus de leur effet principal, d’autres effets considérés comme accessoires. La plupart des antidépresseurs tricycliques ont des propriétés atropiniques non indispensables à l’action antidépressive, mais susceptibles de donner des effets indésirables. Le diazoxide est à la fois hyperglycémiant et hypotenseur; quand on l’utilise pour l’une de ses propriétés, l’autre n’est pas nécessairement souhaitable.
Ces deux premiers types d’effets indésirables liés aux propriétés pharmacologiques sont généralement prévisibles et sont le plus souvent décelés avant la mise sur le marché. Pour réduire leur fréquence ou leur gravité, il faut choisir le médicament le plus spécifique et l’utiliser à la posologie la plus faible, compatible avec un effet thérapeutique suffisant.
Effet indésirable non lié à une propriété pharmacologique connue du médicament
C’est le cas de beaucoup d’effets indésirables comme les hépatites, les agranulocytoses qui surviennent avec des médicaments en principe sans effet sur le foie ou les lignées sanguines.
Le mécanisme de ce type d’effets indésirables est encore mal connu; il sera détaillé dans un autre ouvrage. Il peut s’agir de réactions de type immuno-allergique ou de type toxique (formation de métabolites toxiques, réactions radicalaires) survenant chez un nombre très limité de malades.
Bien entendu, si la fréquence ou la gravité de ces accidents provoqués par un médicament devient importante, il faut restreindre son utilisation, voire même le retirer du commerce. L’idéal serait de pouvoir détecter les malades susceptibles de mal tolérer certains médicaments efficaces sans devoir les retirer du commerce, mais il reste encore beaucoup à faire pour y parvenir.