Le nalméfène est un antagoniste morphinique analogue de la naltrexone (formules chimiques quasi-identiques). Le nalméfène est connu depuis une trentaine d’années. Il vient d’être commercialisé en France sous le nom de Selincro*, la naltrexone est commercialisée depuis plusieurs années sous le nom de Revia*.
Selon le RCP « Selincro est indiqué pour réduire la consommation d’alcool chez les patients adultes ayant une dépendance à l’alcool avec une consommation d’alcool à risque ne présentant pas de symptômes physiques de sevrage et ne nécessitant pas un sevrage immédiat ».
Imaginons un médecin qui envisage de traiter un malade ayant une dépendance à l’alcool avec la naltrexone, Revia* mais se demande s’il serait préférable d’utiliser le « nouveau » médicament, le nalméfène, Selincro* plutôt que Revia*. Il va consulter les documents officiels, le RCP de Revia* et le RCP de Selincro*. Il n’arrivera pas à partir des RCP à établir une comparaison de leurs indications, mécanismes d’action, effets indésirables… tellement la présentation diffère. Il va alors se tourner du côté du prix et du taux de remboursement. Le prix : 28 comprimés de Revia* (1 par jour) coûtent 36,07€, 14 comprimés de Selincro* (1 par jour) coûtent 50,67 ; il pourrait conclure que le Selincro*, le plus cher, est 3 fois meilleur. Le taux de remboursement : Revia* 65 %, Selincro*, 30 % ; il pourrait conclure que le mieux remboursé, Revia*, est 2 fois meilleur. Alors, perplexe, il pourrait se lancer dans des calculs savants avec un puissant ordinateur : diviser 3 par 2 et trouver que Selincro* est 1,5 fois meilleur que Revia*.
Comment voulez-vous que les médecins s’y retrouvent ?