Les menaces actuelles de licenciement dans le groupe Sanofi m’incitent à faire un survol superficiel et très incomplet de l’histoire de Sanofi en y ajoutant quelques commentaires.
Sanofi est né en 1973 de la décision du groupe Elf-Aquitaine de se diversifier en créant une entité pharmaceutique, d’emblée dotée d’un apport financier très substantiel. La politique de cette nouvelle entité a été dès sa création le rachat de laboratoires pharmaceutiques, si bien qu’aujourd’hui Sanofi a assimilé presque tous les laboratoires pharmaceutiques français à l’exception de Servier, ainsi que quelques laboratoires étrangers. Cette concentration provient en partie du fait qu’un laboratoire de taille moyenne n’est plus en mesure de constituer un dossier de demande d’AMM, c’est beaucoup trop lourd et trop coûteux pour lui.
La plupart des médicaments actuellement commercialisés par Sanofi sont directement ou indirectement issus des laboratoires rachetés, y compris le clopidogrel, métabolite de la ticlopidine provenant du groupe Parcor. Les médicaments issus de la recherche Sanofi sont peu nombreux, le grand espoir, le rimonabant, Acomplia*, s’est cassé la figure.
Sanofi a réussi sur le plan économique à se classer parmi les 10 plus grands laboratoires du monde mais sa recherche a été apparemment peu fructueuse, ce qui est une des raisons avancées pour expliquer les restructurations en cours.
A cet échec de la recherche on peut trouver plusieurs explications. La découverte de nouveaux médicaments s’est révélée beaucoup plus ardue et aléatoire que ce que l’on pensait il y a 30 ou 40 ans.Par ailleurs la recherche logique par cible prédéterminée n’a guère été plus fructueuse que la recherche par screening systématique qui a été pratiquée pendant de nombreuses années et qui l’est encore, notamment au Japon. De plus, la recherche bien organisée avec une armée de chercheurs à qui il ne manque pas un bouton de guêtres s’est révélée moins efficace que la recherche « désordonnée » de petites équipes plus aptes à saisir les opportunités et les chemins de traverse qui se présentent ; la sérendipité semble fuir les grands ensembles.