Dans un article de 2006 de Pharmacorama nous avons déjà posé la question ranibizumab ou bévacizumab dans la DMLA, dégénérescence maculaire liée à l’âge. Nous sommes revenus sur cette question en 2011.
En bref, Lucentis (Novartis) a l’indication DMLA (forme humide), Avastin* (Roche) a l’indication cancer colorectal métastatique mais n’a pas l’indication DMLA, bien que tous deux aient une efficacité assez semblable dans la DMLA. Mais voilà Lucentis* coûte de 10 à 40 fois plus cher que l’Avastin*. Apparemment le laboratoire Roche ne cherche pas à obtenir l’AMM avec l’indication DMLA pour Avastin*, ce que les auteurs d’un article du BMJ appellent un médicament « not me » par opposition à « me too ». Pour tenter de voir un peu plus clair dans cette affaire, notamment les rôles de Novartis et Roche, je conseille la lecture de l’article d’ Ingrid Torjesen dans le BMJ.
Un troisième médicament, l’aflibercept a eu son AMM aux États-Unis sous le nom de Eylea* avec l’indication DMLA, son prix serait calqué sur celui de Lucentis*, donc peu d’économies en vue.
Conséquences pratiques de cette situation : pour réduire le prix du traitement, il est tentant d’utiliser l’Avastin*, mais alors il s’agit d’une prescription hors AMM et, en cas d’incident ou d’accident, des poursuites judiciaires de la part des malades sont prévisibles et le pouvoir politique ne manquera pas de souligner la faute des médecins.
Mais enfin, que je sache, l’établissement du prix des médicaments dans la plupart des pays résulte de négociations entre l’industrie pharmaceutique et le pouvoir politique et il est tout à fait regrettable que le pouvoir politique n’ait pas réussi à éviter une telle disproportion de prix entre deux médicaments ayant quand même de grandes similitudes.