Ototoxicité des aminosides, susceptibilité génétique

Les aminosides sont une classe d’antibiotiques dont la toxicité auditive est bien connue.   La streptomycine utilisée par le passé comme antituberculeux a été à l’origine de nombreuses surdités. Les aminosides sont actuellement utilisés dans des infections graves à germes Gram négatif.

Un article est paru dans le BMJ du 20 octobre 2007 sur la toxicité auditive des aminosides. Cette toxicité est dose dépendante (c’est-à-dire qu’elle ne se manifeste qu’à doses élevées ou après une utilisation prolongée) dans la population générale. Mais il existe des individus chez lesquels de faibles doses peuvent entraîner une surdité. Leur prédisposition à la surdité et à une très grande susceptibilité à la toxicité des aminosides est transmise par la mère par, entre autres possibilités, une mutation du DNA mitochondrial, appelée m.1555A>G. Cette mutation est relativement facile à détecter et le coût de l’analyse pourrait être faible si elle était souvent pratiquée. La fréquence de cette mutation est diversement appréciée selon les pays, elle se situerait entre 1 pour 200 et 1 pour 1000.

Les auteurs mettent en balance le coût du dépistage génétique avant prescription d’un aminoside et le coût d’une surdité provoquée chez un jeune enfant

Cet exemple montre que le contrôle de la concentration sanguine de l’aminoside au cours du traitement, qui est pratiqué en routine, ne met pas à l’abri de certains effets indésirables graves. Il montre aussi que la connaissance des susceptibilités individuelles d’origine génétique permettra d’améliorer la prescription des médicaments mais ne simplifiera pas le travail des médecins à qui on pourra reprocher, en cas d’accident, de n’avoir pas pris les précautions suffisantes avant de traiter.

Remarque :

L’explication de la plus grande sensibilité aux aminosides des individus portant la mutation 1555 est la suivante : les aminosides agissent au niveau des ribosomes bactériens ; la mutation 1555 rend certains ribosomes humains assez semblables aux ribosomes bactériens  et les aminosides s’y fixent avec une grande affinité.

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