Une méta-analyse parue dans le JACC (Journal of the American College of Cardiology) d’octobre 2008, intitulé « Relation of beta-blokers-induced heart rate lowering and cardioprotection in hypertension » analyse les relations entre le ralentissement du rythme cardiaque et le risque d’accidents cardiovasculaires et de mortalité toutes causes confondues chez les hypertendus traités par bêta-bloqueurs comparativement aux autres traitements.
Cette étude arrive à la conclusion que chez les hypertendus le ralentissement de la fréquence cardiaque provoqué par les bêta bloqueurs, en particulier l’aténolol (Ténormine*), est associé à une augmentation du risque de mortalité toutes causes confondues, de mortalité cardio-vasculaire et d’accidents cardiovasculaires comme l’infarctus et l’insuffisance cardiaque.
Les auteurs de l’article font un certain nombre de commentaires sur la fréquence cardiaque : chez les personnes bien portantes un rythme cardiaque élevé est associé à un risque plus élevé d’accidents cardio-vasculaires; il en est de même chez les malades ayant des troubles cardiaques ; chez les hypertendus les choses sont plus compliquées, chez les hypertendus non traités une élévation du rythme cardiaque est un facteur péjoratif, au contraire chez les hypertendus traités par un bêta-bloqueur, c’est le ralentissement de rythme qui est un facteur péjoratif.
Au total, cet article conduit à mettre en doute l’intérêt des bêta-bloqueurs dans le traitement de l’hypertension artérielle essentielle isolée et, selon l’éditorial paru dans le JACC, les bêta-bloqueurs doivent garder comme indications l’insuffisance cardiaque, le post-infarctus du myocarde, les tachy-arythmies mais pas l’hypertension artérielle essentielle isolée.
Je tiens à mettre en garde les personnes traitées par bêta-bloqueurs pour hypertension qui, à la suite de la lecture de cette analyse, seraient tentées d’arrêter leur traitement, de ne pas le faire d’elles-mêmes. L’arrêt d’un bêta-bloqueur doit être progressif, nécessite une surveillance et doit être décidé par le médecin. J’ajoute que les éventuels méfaits des bêta-bloqueurs chez les hypertendus ne sont pas à ce point dramatiques pour nécessiter un arrêt précipité. Des données complémentaires peuvent d’ailleurs venir nuancer les conclusions de l’article analysé.
Il y a actuellement 14 bêta-bloqueurs, soit plus de 20 spécialités, sans compter les associations bêta-bloqueurs-diurétiques et bêta-bloqueurs-inhibiteurs calciques, à avoir comme indication, parmi d’autres, l’hypertension artérielle. Cette indication est pour le moment répertoriée dans le RCP des produits précédemment cités.