Le NEJM du 9 avril 2009 consacre quatre articles au tissu adipeux brun, voir 1, 2, 3 et 4. Il existe des publications déjà anciennes concernant le tissu adipeux brun humain mais la plupart d’entre elles sont très récentes. Je vais essayer de schématiser l’essentiel des données concernant le tissu adipeux brun humain.
On distingue le tissu adipeux brun, en anglais brown adipose tissue ou BAT et le tissu adipeux blanc, en anglais white adipose tissue ou WAT. Dans l’espèce humaine c’est le tissu adipeux blanc qui prédomine très largement ; il y a très peu de tissu adipeux brun (sauf chez le nouveau-né), il est disséminé dans l’ensemble de l’organisme et prédomine au niveau sus-claviculaire.
La caractéristique fonctionnelle du tissu adipeux brun est d’être riche en mitochondries contenant la protéine découplante UCP1 (Uncoupling Protein 1), appelée aussi thermogénine, qui, en rendant la mitochondrie perméable aux protons, la conduit à produire de la chaleur et non de l’ATP. Le tissu adipeux brun est innervé par le sympathique libérant des catécholamines et possède des récepteurs adrénergiques béta3. L’activation de ces récepteurs induit la synthèse d’UCP1, de déiodinase de type 2 (qui transforme la T4 inactive en T3 active) et de PGC1alpha ou peroxisome-proliferator-activated receptor gamma coactivator 1alpha (qui stimule la synthèse d’UCP1). Le tissu adipeux brun est activé par l’exposition au froid ce qui entraîne une consommation très importante d’acides gras et de glucose ; cette stimulation est en grande partie supprimée par l’administration d’un bêta-bloqueur comme le propranolol.
La tomographie par émission de positrons, (PET-CT, positron-emission tomography and computed tomography) au glucose marqué par un atome de fluor, le 18 fluorodéoxyglucose, permet de mesurer la captation de glucose par les différents tissus de l’organisme. Comme les tissus néoplasiques sont généralement plus actifs que les tissus sains, ils captent davantage de glucose et apparaissent en couleur plus foncée. C’est au cours de ces explorations qu’on s’est aperçu qu’il y avait dans l’organisme des zones non néoplasiques qui captaient activement le glucose et correspondaient en fait au tissu adipeux brun ; l’intensité de ces zones augmente lorsque l’organisme est soumis au froid et est moindre à la chaleur et après administration de propranolol (ce qui pourrait expliquer une tendance à la prise de poids sous bêta-bloqueur). La densité du tissu adipeux brun diminue avec l’âge et serait moindre chez les obèses.
La compréhension du rôle de la graisse brune chez l’homme est évidemment intéressante mais les applications thérapeutiques qui peuvent en découler sont difficiles à prévoir. Peut-être des agonistes adrénergiques à effet bêta 3 spécifique ont-ils un intérêt. Il faut par ailleurs savoir que les expérimentations pharmacologiques sont le plus souvent faites chez le rat où le tissu adipeux brun est présent en quantité importante et qu’il ne s’agit donc pas d’un domaine inexploré.