Le texte publié dans Pharmacorama concernant le taux de cholestérol et la mortalité a suscité des remarques qui me conduisent à préciser certains points.
Quand on étudie l’influence d’un paramètre sur la mortalité due à une cause spécifique, il est nécessaire d’étudier parallèlement et dans des conditions strictement identiques, la mortalité totale toutes causes confondues, pour avoir une idée de l’effet global. Ceci ne doit pas poser beaucoup de difficultés car il est difficile d’imaginer qu’on puisse disposer des données de mortalité par une cause spécifique, par exemple l’infarctus du myocarde, sans avoir les données de mortalité totale.
Le fait de ne pas trouver dans un article des informations que les auteurs ont nécessairement entre les mains est déconcertant. L’impression que même des revues médicales prestigieuses publient des résultats tronqués est également déconcertant. Dans l’article analysé, on trouve les données concernant l’influence du taux cholestérol sur la mortalité d’origine coronaire par tranches d’âge, mais il n’y a pas de données sur la mortalité totale, seulement une allusion à la mortalité par causes non cardiovasculaires.
Par ailleurs, les essais cliniques sont faits, pour des raisons bien compréhensibles, sur des groupes homogènes de malades et souvent à risque élevé pour un évènement donné. L’extrapolation des résultats obtenus dans les conditions précédentes à une population moins homogène, à risque moyen, faible ou quasi nul, est plus aléatoire. Sur une population de malades ayant 80 % de risques de mourir d’un accident cardiovasculaire, une intervention réduisant ce risque devrait aussi réduire la mortalité totale mais sur une population n’ayant que 20 % de risques de mourir d’un accident cardiovasculaire, la même intervention, pour peu qu’elle présente elle-même quelque danger, peut ne pas réduire ou peut même augmenter la mortalité totale.
Concernant la prescription de statines, il peut être difficile d’établir les limites entre les différentes catégories de personnes, celles qui doivent en prendre, celles qui ont probablement intérêt à en prendre et celles qui n’ont probablement pas intérêt à en prendre. La connaissance de la mortalité toutes causes confondues parallèlement à l’effet bénéfique sur un paramètre donné devrait être un des principaux arguments de choix. Dire qu’il n’est pas nécessaire d’avoir toujours un parachute sur le dos lorsqu’on circule sur le plancher des vaches, n’est pas mettre en cause l’utilité du parachute dans d’autres circonstances.
Je souhaiterais que les lecteurs de Pharmacorama, en particulier les professionnels de santé, donnent leur avis sur le forum concernant ces problèmes généraux.