Faut-il avoir confiance dans les articles publiés dans les revues internationales ?

Il y a peu de temps, la grande presse a attiré l’attention sur le Docteur Reuben, auteur d’un d’une trentaine de publications concernant les médicaments anti-douleur dans des revues médicales américaines tout-à-fait sérieuses. Les résultats publiés par Reuben qui conduisaient à préconiser tel ou tel médicament étaient falsifiés, ils provenaient non pas de l’observation de malades réels mais de malades fictifs, issus de l’imagination de l’auteur. Les publications de Reuben sont répertoriées dans PubMed, où on les trouve en tapant Scott Reuben qui, par la suite, été appelé « le Docteur Madoff de la pharmacie ».

Dans un article de revue médicale internationale, il y a plusieurs manières de fausser ou d’orienter les conclusions d’un essai clinique :

  • par action,  création  de résultats pour confirmer une opinion ou une hypothèse, comme dans le cas du Docteur Reuben ; c’est généralement difficile à détecter car le « bon » faussaire présente des données vraisemblables
  • par omission dans une publication de résultats jugés défavorables ou plus simplement non publication de certains essais, ou encore recours à des critères combinés pouvant masquer certains faits
  • par interprétation incomplète ou tendancieuse de résultats vrais, non falsifiés, chose assez  fréquente, il y a discordance entre les résultats bruts des tableaux et les conclusions qui en sont tirées
  • par dilution : les données essentielles, comme un apport thérapeutique modeste, sont noyées dans un flot de détails, c’est la méthode actuellement utilisée dans les RCP qui ne sont pas rédigés pour faciliter le travail des médecins.

Les revues scientifiques internationales (je ne parle pas des Congrès) restent, en dépit des précédentes critiques, le meilleur moyen pour transmettre les résultats des essais cliniques. Ces revues sont soumises à de multiples pressions qui globalement et sur le long terme tendent à s’annuler. Les interventions des lecteurs et la concurrence entre revues tendent à corriger les erreurs commises.

En tant qu’intermédiaire entre les revues scientifiques d’une part et les professionnels de santé et les particuliers d’autre part, j’essaie de transmettre le plus fidèlement les résultats et les conclusions des auteurs en prenant toutefois la liberté d’attirer l’attention sur les points qui me laissent perplexe.

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