Le New England Journal of Medicine vient de publier sur internet deux articles, une étude et un commentaire de cette étude, qui paraîtront dans le numéro du 8 avril 2004
L’étude intitulée « Comparison of Intensive and Moderate Lipid Lowering with Statins after Acute Coronary Syndromes » a été menée chez plus de 4000 malades qui ont été hospitalisés pour un infarctus du myocarde ou une angine de poitrine instable. Ces malades ont été traités, en plus de médicaments comme l’aspirine, par une statine, soit par 40 mg de pravastatine par jour (traitement appelé modéré), soit par 80 mg d’atorvastatine par jour (traitement appelé intensif). Cette étude, conçue dans l’idée que les deux traitements donneraient des résultats similaires, a été poursuivie pendant une durée de 18 à 36 mois, jusqu’à ce qu’un nombre suffisant d’évènements pathologiques aient été observés pour permettre une analyse statistique correcte.
Les résultats : le traitement intensif par 80 mg d’atorvastatine a donné, comparativement au traitement par40 mg de prarastatine, de meilleurs résultats biologiques (diminution plus importante du LDL cholestérol) et cliniques (réduction d’environ 25% de la mortalité globale et de la fréquence des accidents cardiovasculaires, sans réduire les accidents vasculaires cérébraux).
La tolérance a été à peu près la même dans les deux groupes, environ 20% d’abandon de la prise de statine à 1 an et 30% à 2 ans. Il est à noter que les médicaments susceptibles d’interagir avec l’atorvastatine avaient été écartés.
Le commentaire du précédent article par E.J. Topol, intitulé « Intensive Statin Therapy — A Sea Change in Cardiovascular Prevention » considère que les résultats obtenus sont de nature à modifier profondément la conception du traitement et ceci en faveur d’un traitement intensif.
Le Lancet du 6 mars 2004 publie un article sur la prévention des accidents vasculaires cérébraux par la simvastatine à la dose de 40 mg par jour.
Cette étude a été menée sur plus de 20 000 malades de 40 à 80 ans ayant présenté un trouble vasculaire cérébral, un trouble coronaire ou vasculaire périphérique. Ils ont été répartis en 2 groupes, l’un recevant un placebo et l’autre la simvastatine à la dose de 40 mg par jour.
Résultats : le traitement par la simvastatine a réduit d’environ 25% la fréquence des accidents coronaires et des accidents vasculaires cérébraux ischémiques. Sauf erreur de ma part, je n’ai pas trouvé dans cet article de données sur la mortalité totale, toutes causes confondues.
Par ailleurs un article concernant les statines et l’ostéoporose post-ménopausique, paru en juillet 2003 dans Annals of Internal Medicine, volume 136 n’a pas mis en évidence d’effet bénéfique des statines dans la prévention des fractures. Un certain nombre de travaux laissaient supposer que les statines pourraient prévenir l’ostéoporose, il semble donc qu’il n’y ait rien de cliniquement significatif.
Au total, beaucoup de résultats en faveur de l’utilisation des statines mais il reste des questions : jusqu’où (présence ou même absence de facteurs de risque) étendre leur prescription, quelle statine choisir, quelle posologie adopter ?
Un autre article, paru dans le JAMA, comparant 40 mg de pravastatine à 80 mg d’atorvastatine, conclut à un meilleur effet de l’atorvastatine sur les signes d’athérosclérose et la diminution de la protéine C-réactive.