Le T-20 ou pentafuside (a été appelé aussi DP178) est un polypeptide de synthèse formé de 36 acides aminés, en cours d’expérimentation dans le traitement du SIDA. Il agit selon un nouveau mécanisme d’action : l’inhibition de l’entrée du VIH dans les cellules hôtes.
Il n’a encore reçu, sauf erreur, d’autorisation de mise sur le marché dans aucun pays. Nous en parlons cependant dans Pharmacorama car les media, notamment la télévision, en ont déjà parlé. Il est utile que les médecins et les pharmaciens en soient informés pour répondre aux questions qui leur seraient éventuellement posées.
Les médicaments déjà commercialisés dans le traitement du SIDA sont classés selon leurs mécanismes d’action en :
- inhibiteurs de la transcriptase inverse du VIH, voir Antiviraux;
- inhibiteurs de la protéase du VIH, voir Inhibiteurs de la protéase;
Ils agissent sur deux étapes du cycle viral qui suivent la pénétration du virus dans la cellule hôte.
L’entrée du virus dans la cellule hôte comporte schématiquement 2 étapes presque simultanées, fixation puis fusion ponctuelle de leurs membranes, par l’intermédiaire de leurs protéines de surface, notamment :
- les protéines virales associées l’une à l’autre, gp120 (qui intervient dans la fixation) et gp41(qui intervient dans la fusion);
- la molécule CD4, appelée également récepteur CD4, et les co-récepteurs CXCR4 et CCRV6 (qui sont en réalité des récepteurs aux chémokines, voir Chémokines) du lymphocyte T (et de certains autres types de cellules).
Le T-20 ou pentafuside se fixe sur la protéine gp41, l’empêche de remplir son rôle et inhibe la fusion des membranes et par là-même inhibe l’entrée du VIH dans les cellules hôtes comme les lymphocytes T. C’est un inhibiteur de l’entrée du virus dans la cellule qui est parfois classé comme inhibiteur de fusion pour le différencier de médicaments également en cours d’expérimentation qui agissent sur la fixation (voir Inhibiteurs des interactions cellulaires).
Le pentafuside est un polypeptide qui s’administre par voie sous-cutanée, deux fois par jour. Il a donné des résultats intéressants au cours des études cliniques mais n’a pas encore d’AMM ni de dénomination commerciale. Pour éviter l’apparition rapide de résistances au pentafuside, il faut l’utiliser parallèlement à d’autres anti-HIV.
Pour la petite histoire, le T-20 a été découvert en 1990 aux USA par un hasard heureux ou serendipité, (serendipity) : cherchant un vaccin contre le SIDA, les chercheurs ont trouvé un inhibiteur de l’entrée du virus dans la cellule hôte.