Tests, isolement, traitements : quelle prise en charge en médecine de ville pour les patients suspectés de Covid-19?
Le 09 novembre 2020, la HAS, Haute Autorité de Santé, a écrit :
« En cas de fièvre ou de douleur, le paracétamol reste le traitement de première intention ». L’article entier est disponible ici.
En France, le paracétamol est donc le traitement « officiel » du Covid- 19.
J’aimerais savoir sur quels arguments repose ce choix et sur quels arguments repose le choix d’ignorer certains autres médicaments comme l’ibuprofène.
Pour mon humble contribution à cette affaire de Covid-19, je voudrais simplement signaler l’existence d’un article de Sharon S. Evans, Elizabeth A. Repasky et Daniel T.Fisher, paru en2015, dans Nat Rev Immunol. Il comporte 223 (oui, 223!) références bibliographiques et de nombreux schémas de mécanismes d’action.
Voici la traduction de quelques lignes de la première page de cet article :
« Il y a de plus en plus de preuves que l’élévation de la température corporelle de 1 à 4 degrés telle que l’on voit dans les fièvres est associée à une amélioration de la survie et à la guérison de diverses infections. Par exemple, l’utilisation des médicaments antipyrétiques pour diminuer la fièvre est corrélée à une augmentation de la mortalité de 5 % dans une population humaine infectée par des virus grippaux et affecte négativement le pronostic dans les unités de soins intensifs« .
A bon entendeur, salut !
Pour ceux qui n’ont pas le temps de cliquer sur le lien, voilà la phrase en anglais de l’articlé référencé :
« There is mounting evidence that the increase of 1 to 4°C in core body temperature that occurs during fever is associated with improved survival and resolution of many infections. For example, the use of antipyretic drugs to diminish fever correlates with a 5% increase in mortality in human populations infected with influenza virus and negatively affects patient outcomes in the intensive care unit.«
Bonjour et merci,
Il y a qq jours j’ai demandé au Dr Dupagne, sur son site Atoute, si il y avait des études sur le bénéfice de ne pas donner d’antipyretiques en cas de fièvre, la fièvre étant la première défense de l’organisme. Il m a répondu qu’il n’y avait rien à priori qui justifiait de ne pas en donner. En lui demandant si il y avait des études pour affirmer cela, un blogueur, Franck Suzzoni a envoyé un lien que je n’ai pas encore pu traduire en Français, mais il dit que jusqu’à 40° pas de problème à ne pas traiter, et c’est assurément mieux. Quand on pense au nombre de gens qui prennent systématiquement 3 ou 4 gr de paracétamol, surtout dans les epadh, donc n’ont pas de hausse de température, qui serait l’alerte d’une infection et qui continuent donc à fréquenter et possiblement contaminer d’autres personnes, on se dit qu’on marche sur la tête.
Donc votre lien est à diffuser à grande échelle. Cela devrait faire la une des journaux télévisés ,5% de décès en moins, c’est peut-être un minimum, cela ferait quand même qq milliers de vie sauvées, beaucoup plus que le vaccin de la rougeole .
Je vais tenter d’apporter un début de réponse. Le paracétamol est utile lorsque la fièvre et les douleurs deviennent suffisamment fortes. En effet la fièvre est un mécanisme de défense et appartient à la réponse immunitaire non spécifique (inflammation). Cependant une fièvre non contrôlée peut s’avérer dangereuse. Comme pour tout médicament le paracétamol doit être utilisé de manière raisonnée. Pour en venir à l’ibuprofene, c’est un anti-inflammatoire non stéroïdien qui a aussi un effet antalgique et anti pyretique donc aucun argument pour l’utiliser en lieu et place du paracétamol. Au début de l’épidémie, l’utilisation des anti-inflammatoires a été associée à l’apparition de formes graves de la maladie comme la tempête de cytokines. Cependant je ne sais pas quel est l’état des connaissances a ce sujet actuellement et je ne l’utiliserai pas comme argument mais comme mise en garde.
En espérant avoir rétabli quelques vérités malgré mes modestes connaissances.
Bonjour et merci pour vos commentaires.
Je n’ai pas de compétence particulière en matière d’infections virales mais je me suis interrogé sur l’acceptation d’un consensus en faveur de l’utilisation du paracétamol dans ce cas.
Je me suis simplement référé aux données de la littérature qui m’ont paru fiables comme la diminution de la formation d’anticorps au cours des vaccinations sous l’influence du paracétamol à doses thérapeutiques et sur le jugement d’auteurs qui me paraissaient particulièrement compétents comme Sharon S. Evans et collaborateurs.
Au total il m’est apparu que le paracétamol pouvait avoir des effets délétères peu compatibles avec les recommandations de la HAS et des autorités officielles.
En attendant les résultats d’un essai clinique comparant le devenir de malades atteints de covid-19 recevant du paracétamol ou non (placebo) qui me parait inévitable, je crois qu’il serait sage que la HAS retire de ses recommandations que le paracétamol « reste le traitement de première intention » du Covid-19. Ce type d’essai clinique a été fait et refait pour l’hydroxychloroquine et je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas être fait pour le paracétamol. S’il apparait que le paracétamol n’a pas d’effet délétère je l’accepterais volontiers sans rechigner.
Bonjour , dans l’article que vous avez partagé , il est mentionnée que la mortalité augmentait quand l’effet antipyrétique était recherché par l’usage d’Acide acétyl salicilique donc un AINS qui est donc un anti-inflammatoire supprimant les mécanismes de défenses en autre (pour simplifié les choses)
Il existe bel est un bien un biais dans ce lien de causalité .
Par ailleurs il n’ été mentionné nul part que l’usage du paracetamol pour un effet antipyrétique , augmentait la mortalité chez des patients infectés par des virus
Un retour aux sources ?
Pour « Anodin » le CNRTL donne l’étymologie suivante : « 1503 méd. adj. anodin « qui calme la douleur » (Le Guidon en françoys, 99a, édit. 1534 d’apr. Vaganay ds Rom. Forsch., t. 32, p. 10 : La cure de la douleur vraye est faicte avecques medecines anodines); 1690 subst. « remède calmant » (Fur. : Les vrais anodins sont ceux qui guerissent les maladies, ou ôtent la douleur, comme font plusieurs huiles de fleurs); 1675 par image remède anodin « moyen seulement calmant et donc insuffisant » (Mmede Sévigné, Lettres ds Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 270 : Il n’est… que trop vrai qu’on doit envoyer des troupes, et on a raison de le faire, car dans l’état où sont les choses, il ne faut pas des remèdes anodins); 1823 p. ext. emploi fig. ds la lang. cour. (Boiste). Empr. au gr. α ̓ ν ω ́ δ υ ν ο ς « qui calme la douleur » (Hippocrate, Aph., 1253 ds Bailly, de α ̓ ν- « sans » et ο ̓ δ υ ́ ν η « douleur »). »
En furetant encore un peu : « On ignore encore les mécanismes précis par lesquels le paracétamol (un des médicaments les plus souvent prescrits) fait baisser la fièvre et induit exceptionnellement une hypothermie. » [ écrit en septembre 2019 ] https://www.lemonde.fr/blog/realitesbiomedicales/2019/09/30/paracetamol-un-effet-secondaire-qui-fait-froid-dans-le-dos-des-petits/comment-page-1/
Professeur Allain, comme vous l’aurez peut-être remarqué, on trouve quelque écho à vos réflexions dans un dernier article de FranceSoir : https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/covid-19-le-paracetamol-aurait-il-tue
Merci de signaler cet article. Avec un peu de chance, les « autorités » vont réfléchir aux dangers du paracétamol…
Un article tout récent tente d’apprécier de manière globale (trop peut-être) les effets bénéfiques ou négatifs de la fièvre. Pas sûr qu’il ait passé en revue les différents impacts physiologiques de la fièvre.
Lucas Belon, Peter Skidmore, Rohan Mehra, Edward Walter , Effect of a fever in viral infections — the ‘Goldilocks’ phenomenon?, World J Clin Cases. Jan 16, 2021; 9(2): 296-307 https://www.wjgnet.com/2307-8960/full/v9/i2/296.htm
Personnellement, j’y relève avec intérêt ceci : « A further effect of the febrile response is the effect on the efficacy of various medications. One study of 17 different antibiotics on 432 strains of bacteria at temperatures between 35 and 41.5 °C showed a progressive increase in antimicrobial activity as the temperature increased[69]. Little is known about the effect of temperature on the activity of antiviral pharmaceutical agents. » ( il est assez curieux que l’on n’ait pas investigué cet effet de la fièvre, de l’élévation de la température corporelle, sur l’efficacité pharmacologique des antiviraux, non !? )
Au décours d’un article sur les fièvres d’origine inconnu, on trouve un utile rappel (!) concernant l’usage médical du thermomètre . Où l’on apprend l’importance de la publication par Carl Reinhold August Wunderlich (1815–1877) de : Das Verhalten der Eigenwärme in Krankheiten en 1868.
Wright WF, Auwaerter PG. Fever and Fever of Unknown Origin: Review, Recent Advances, and Lingering Dogma. Open Forum Infect Dis. 2020;7(5):ofaa132. Published 2020 May 2
Bien à vous !
Merci beaucoup pour ces informations complémentaires.
Bonsoir,
Sur le blog du Dr Gérard Maudrux, j’ai trouvé dans les commentaires au billet du 04 mars ( sur la danse du Bambalaba) la référence à une vidéo italienne où il serait partiellement question du paracétamol/covid : https://www.youtube.com/watch?v=krSP4j4g0J0
David Perrin est l’identifiant du commentateur ayant posté l’info ; il est bon de lire le commentaire qui suit le sien, celui d’Antonin47 ( » Excellente interview du Dr Andrea STRAMEZZI.
Effectivement il est relevé que le Paracétamol non seulement ne soigne pas le Covid mais de plus péjore nombre de situations. »)
https://blog.gerardmaudrux.lequotidiendumedecin.fr/2021/03/04/covid-quand-lansm-danse-le-bambalaba-avec-lilly/#comment-28516
Nos enseignants nous apprenaient à traiter la fièvre des nourrissons et enfants, en utilisant la Catalgine* ou l’Aspegic* en alternance avec le Paracetamol, ainsi les parents pouvaient en donnant toutes les 3 heures un de ces médicaments, faire baisser la fievre parfois très élevée de leurs enfants (inquiets du risque de convulsions et de déshydratation)…Mais au milieux des années 80,
des chercheurs americains mettent en cause l’aspirine dans la survenue, au décours d’une varicelle ( puis d’autres infections virales) d’une encéphalopathie associée à une dégenerescence graisseuse viscérale (foie, pancreas…) ; des centaines d’enfants meurent en réanimation. On appelera ce trouble « Syndrome de Reye » (du nom d’un médecin australien mort en 1977, qui avait decrit des encéphalopathies identiques, publiant en 1963 dans « The Lancet » sans faire de rapprochement avec l’aspirine).
Presque plus aucun médecin ne prescrira d’aspirine aux enfants fébriles et le nombre de syndrome de Reye chutera considérablement. Encore actuellement, même si l’on n’a toujours pas compris les mécanismes précis du syndrome de Reye, (alteration du fonctionnement mitochondrial, entrainant divers troubles métaboliques…) personne ne s’autorise à prescrire aux enfants de l’aspirine.
Revenons au Doliprane*, (dont on n’a toujours pas complétement élucidé les mécanismes d’action) prescrit sans aucune étude (randomisées en double aveugle) aux patients covid + dès le début des symptomes ; le benéfice réel sur les douleurs et la fievre vaut-il le risque ? Après tout, comme dans le syndrome de Reye, ce n’est généralement que vers le 8°-10° jour, que l’état des patients peut basculer d’un simple syndrome grippal vers une insuffisance respiratoire et une atteinte multiviscérale mettant en jeu le pronostic vital. Personne, si je ne me trompe, n’a publié sur le devenir comparé des patients traités ou non par doliprane au cours des premiers jours Covid.
Je sais que l’absence de preuve d’efficacité n’est pas une preuve d’inefficacité, mais l’absence de preuve de nocivité n’est pas non plus une preuve d’innocuité.
Alors jusqu’à de plus amples informations, jusqu’à ce que des études fiables, sans biais, sans conflits d’intérêts, démontrent que le paracétamol n’est pas responsable, ou en partie responsable de l’aggravation des patients, plaidons pour l’arrêt de la prescription du paracetamol.
Je vous remercie très vivement d’avoir rappelé que c’est la crainte du syndrome de Reye qui a conduit au rejet de l’habitude de prescrire de l’aspirine en cas d’infection virale chez l’enfant. Ce ne sont pas les vendeurs de paracétamol qui chercheront à blanchir l’aspirine de cette accusation!
Encore maintenant…https://reinfocovid.fr/temoignage/paracetamol-powaaahh/
Trouvé sur un site bien connu des services de police : On connaissait la toxicité du paracétamol (Doliprane) pour le foie (première cause de greffes de foie d’origine médicamenteuse), il y a aussi les reins, avec insuffisance rénale à la clé. https://zumj.journals.ekb.eg/article_33608.html