Le Ministre de la Santé recommande aux personnes suspectées d’infection par le Coronavirus de ne pas prendre d’ibuprofène. C’est évidemment une très bonne chose que ce message soit diffusé et répété.
Le seul problème, c’est que ce premier conseil de bon sens est suivi d’une recommandation de prendre du paracétamol !!!
Rappelons une nouvelle fois que le paracétamol n’est pas, lui non plus, un médicament anticoronavirus (pour le moment on n’en connait pas), c’est un antalgique qui réduit la douleur et un antipyrétique qui supprime la fièvre mais laisse évoluer l’infection virale, quand il ne l’aggrave pas, comme l’ibuprofène, et son emploi est donc à éviter et pas à recommander.
Quand on a la grippe, coronavirus ou pas, dans la plupart des cas, il faut rester au lit et attendre que ça passe, même si c’est moins confortable, car c’est le meilleur moyen de permettre au corps de lutter contre le virus.
Pour plus d’information et de références bibliographiques, voir les précédents articles. J’insiste sur le fait que tout ceci n’est pas nouveau : voir par exemple les conclusions d’un article du Lancet en 2009 : « Although febrile reactions significantly decreased, prophylactic administration of antipyretic drugs (il s’agit du paracétamol) at the time of vaccination should not be routinely recommended since antibody responses to several vaccine antigens were reduced ».
Les AINS en libre service en pharmacie, avec pub à la télé en taisant soigneusement ( marketing oblige):
– le risque d’hémorragies digestives en cas d’ulcère
– le fait que l’inflammation est le stade numéro un de la défense d’un organisme contre toute agression microorganique
PS : du temps de l’endémie tuberculeuse en France nous savions que l’usage de corticoïdes sans « couverture antibiotique » adaptée au malade était une faute médicale lourde. Risque de flambée d’un foyer ancien quiescent. On a oublié ces radoteries de vieux bien moins savants que la génération actuelle, chacun en est persuadé.
Oui le business a ses raisons que la raison ignore…
Ces radoteries comme vous dites ont sans doute été oubliées du fait de l’efficacité du traitement anti-tuberculeux mais cette efficacité tend à diminuer aujourd’hui…
Bon, finalement, tout le monde finit par rejoindre l’avis qu’ont toujours eu les homéopathes et naturopathes.
Oui, c’est possible 🙂
je suis d’accord avec cet élément, mais le mieux serait de pratique d’autres mesures d’atténuer la fièvre par l’enveloppement humide ou faire même arômothérapie ( la décoction de feuilles d’avocatier,manguier,citronnier etc,,, puis suivi d’un enveloppement pour bénéficier des arômes qui s’en sortes de ce mélange )
Monsieur Allain,
je prends connaissance seulement aujourdhui de votre billet qui conforte mes convictions sans toutefois leur apporter une assurance définitive.
Cela fait bien des années déjà que m’est connu le rôle bénéfique de la fièvre. Honnêtement il me faut dire que je n’ai pas pu le constater tant que cela sur moi-même d’abord ou sur mes proches . Je ne suis pas médecin non plus, ce que je précise pour souligner et ce que cela signifie en terme de connaissances et d’expérience mais aussi de responsabilités.
Cependant je suis attentif à cette question depuis des années. J’ai pu constater comme vous le soulignez vous-mêmes que « tout cela n’est pas nouveau » . Je me souviens également avoir lu quelque article du Lancet (ou autre) à ce sujet. Je peux même dire m’être déplacé aux archives de l’Institut Pasteur de Paris pour y consulter des documents au sujet des travaux d’André Lwoff sur la fièvre ( recherche un peu décevante mais qui sera sans doute plus profitable à quelqu’homme de l’art).
Comment se fait-il que ce rôle bénéfique soit toujours négligé si ce n’est passé sous silence ?
Peut-être car le monde académique sent la charge polémique de l’affaire qui en obère la portée pratique . Je m’explique : l’argument du rôle bénéfique de la fièvre est souvent brandi sans précaution aucune, sans tenir compte de l’état de la personne fièvreuse, sans clairement définir ce qu’est une fièvre, une fièvre forte, qui peut être dangereuse, sans tenir compte du fait qu’à trop souligner ce rôle sans tenir compte des comportements parfois inconsidérés de certains patients, on les exposerait à un risque. Je ne vois pas comment résoudre ce problème !?
Je profite de ce message pour rapporter le témoignage d’un de mes voisins, plutôt âgé, qui a été malade du Covid : il affirme avoir été sauvé…grâce au Paracetamol !!! Je me dis que, comme beaucoup il s’illusionne sur le rôle thérapeutique de ce médicament. Il faut tout de même prendre en compte l’état de confusion forte dans lequel il a été plongé quelques jours : la médication pourra lui avoir donné plus de maîtrise sur son existence quotidienne ; c’est quelquechose . Et ceux qui arguent de l’influence de l’état d’esprit du patient, de son calme, sur le déroulement d’une maladie doivent en tenir compte aussi. Ce témoignage est aussi l’occasion d’une interrogation : de la même façon qu’il a été avancé un effet antiviral à l’antibactérien azithromycine , se pourrait-il que, d’une façon inexpliquée, le paracétamol puisse avoir exercé quelque action sur le coronavirus ou ses effets ?
[PS : ai été dirigé vers votre billet via : https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/240620/covid-19-au-coeur-du-drame-francais-l-exclusion-des-medecins-generalistes ]
PS2 : je m’aperçois un peu tard (encore !) que vous avez consacré d’autres billets à cette question [ onglet Magazine ]: je m’en vais les lire dès que possible.
Dés à présent, une question surgit dans mon esprit : on a parlé de l’immunité croisée donnée par différents coronavirus notamment par ceux des rhumes communs. Mais s’est-on demandé si la qualité de l’immunité due à l’exposition à quelque coronavirus ne dépend pas de la manière avec laquelle le malade a traversé cette maladie ( avec ou sans AINS ) ?