Le système actuel de distribution des médicaments par boîtes conditionnées par l’industrie pharmaceutique tel qu’il existe actuellement en France est bien rodé et fonctionne correctement et il n’y a pas lieu de vouloir le remplacer par le système à l’américaine de distribution à l’unité effectuée par le pharmacien d’officine. Le mode actuel de distribution par boîtes nécessite peut-être quelques aménagements mais certainement pas son remplacement.
Si, pour certains médicaments, il manque aujourd’hui des conditionnements pharmaceutiques adaptés aux traitements judicieusement prescrits par les médecins, il faut en dresser la liste et les commercialiser. Par exemple, si une boîte de 5 comprimés est généralement suffisante pour traiter un trouble, et qu’elle n’existe pas, il faut la commercialiser pour éviter d’entamer une boite de 20 ou de 30 comprimés. Il est aussi possible de standardiser certains conditionnements pour être compatibles avec les prescriptions à la semaine (de préférence au mois, nombre variable de jours). Le Ministère de la Santé aurait déjà dû imposer aux laboratoires la commercialisation de ces conditionnements « manquants ».
Le remplacement du système actuel par la dispensation à l’unité suppose de profonds changements du côté des laboratoires pharmaceutiques, des circuits de distribution et des officines ainsi que des habitudes des usagers. Ces changements ne peuvent en aucun cas améliorer la sécurité du médicament ni diminuer son coût.
Même si le médecin prescrit un nombre précis d’unités et que le pharmacien délivre exactement ce nombre, rien ne garantit que le malade les prendra tous , notamment s’il apparaît des effets indésirables ou bien si le malade s’estime déjà guéri ! Et le placard à pharmacie se remplira comme avec le système actuel. La solution pour éviter l’accumulation de médicaments non utilisés chez les particuliers n’est pas la distribution à l’unité mais la possibilité de les remettre aux pharmaciens d’officine, un peu à la manière de ce que l’on fait par exemple dans les déchetteries pour les piles usagées.
Sur un plan pratique, dans une officine il y aura quelques difficultés à s’astreindre pour sortir du pot le nombre prescrit de comprimés, à les mettre dans une boîte adéquate à l’étiqueter et à y ajouter la notice, la date de péremption. Le risque d’erreur au cours de ces diverses manipulations me semble incomparablement plus élevé avec la distribution à l’unité qu’avec le conditionnement industriel tel qui est pratiqué actuellement.
Quant à l’idée d’avoir parallèlement 2 systèmes de distribution, par boîtes comme actuellement et à l’unité, oui, pourquoi faire simple quand on a la possibilité de faire compliqué.
Quant à la formation des médecins en matière de médicaments il y a beaucoup à faire et il ne faudrait pas que la prescription à l’unité vienne masquer les insuffisances actuelles.
Quant aux économies, elles coûteront cher.
Voici ce que j’ai déjà écrit à ce sujet : Ce que l’on devrait dire aux candidats à l’élection présidentielle à propos du médicament, 17 janvier 2017 et Dispensation à l’unité, on n’arrête pas le progrès !, 2014
En résumé:
S’il manque aujourd’hui de présentations pharmaceutiques adaptées aux traitements judicieusement prescrits par les médecins il faut en dresser la liste et les commercialiser sans chercher à imposer la distribution à l’unité.
Je prie les lecteurs de Pharmacorama d’excuser mes répétitions sur cette question de distribution car je crois qu’elle ne fera que masquer des problèmes autrement plus importants en matière de politique du médicament.
De grâce ne vidons pas la pharmacie de son sens. Nous ne sommes pas des épiciers et la manipulation du médicament est très délicate. Il faut que nos gouvernants sachent que la pharmacie est incontournable dans la pyramide sanitaire, par conséquent le pharmacien. Imaginez vous une fois le temps qu’on perdrez à compter les comprimés à cela s’ajoute les risques d’erreurs non seulement sur le nombre mais surtout en cas de mélange des comprimés. Mieux pour les sirops il nous faudra combien de cuillerées dans une pharmacie ou d’entonnoirs pour répondre aux besoins des patients. STOP ça SUFFIT
Distribuer les médicaments à l’unité suppose de faire disparaitre l’emballage et la notice. Hors, sur les deux il y a des explications, des recommandations. Les pharmaciens devront-ils nous mettre la date limite de conservation sur le produit lui-même ?
L’AMM devrait aussi concerner les conditionnements qui ne devraient pas être laissés à l’appréciation mercantile des firmes.
En effet, la distribution à l’unité parâit peu judicieuse.
Peut être faut -il se poser la question de la PDA, pour des patients définis, avec un honoraire. Encore faut-il que les labos adaptent les blisters, pour qu’il y ait sur chaque comprimé la DCI, le numéro de lot et la date de péremption du médicaments.
Il faut aussi faire des boîtes avec des quantités cohérentes de comprimés par rapport aux recommandations de prescriptions, pour éviter gâchis et mésusage par les patients. Et pourquoi toujours des boîtes à 28 et d’autres à 30 cpés?
ne serait-il pas temps de se poser les bonnes questions en effet!