Dans un essai clinique publié dans le Lancet du 17 juin 2017 les auteurs ont comparé la fréquence des saignements gastro-intestinaux chez des malades prenant comme antiagrégant plaquettaire 80 mg par jour d’aspirine et comme anti-inflammatoire non stéroïdien soit du célécoxib 100 mg 2 fois par jour plus ésoméprazole 20 mg par jour soit du naproxène 500 mg 2 fois par jour plus ésoméprazole 20 mg par jour. L’incidence des saignements gastro-intestinaux a été de 5,6 % dans le groupe célécoxib et de 12,3 % dans le groupe naproxène. Les auteurs concluent que chez les malades qui nécessitent un traitement par aspirine plus un AINS il faut préférer le célécoxib au naproxène.
L’étude a-t-elle rapporté l’incidence des événements indésirables cardiovasculaires ?
Rien de bien nouveau… Cette moindre toxicité gastroduodénale étant la ‘raison d’être’ des Coxib.
Mais il me semble mal avisé de prescrire cette classe chez des patients ayant besoin d’un antiagrégant plaquettaire. Célécoxib comme rofécoxib (le fameux vioxx) ont montré une propension à augmenter la fréquence de survenue d’infarctus. Les antiagrégants étant bien sur prescrit à une population déjà à risque..
A l’inverse donner de l’aspirine à des patients devant recevoir un AINS apparait également malavisé, puisque cumulant la toxicité gastroduodénale des 2 produits. Dans ce cas une thiénopyridine parait plus logique, puisque sans toxicité digestive (mais pas sans risque de saignement bien sur…).
Je me pose donc la question de l’intérêt d’une telle étude.
Par ailleurs il s’agit de patients recrutés après un premier épisode de saignement sous AINS et aspirine et randomisés après guérison de cet ulcère. Il s’agit donc d’une population déjà ciblée. On ne s’étonne donc pas de la très forte incidence de saignements digestifs, dans les deux groupes, malgré la ‘couverture’ par ésoméprazole à bonne dose.
L’abstract conclut « …Naproxen should be avoided despite its perceived cardiovascular safety. » mais il n’est fait nulle part mention d’événements cardiovasculaires, même pas pour dire qu’il n’y en a pas eu… On remarquera que que la ‘sécurité cardiovasculaire’ du Naproxène est qualifiée de ‘perçue’ sans autre discussion, peut étre pour relativiser l’ ‘insécurité perçue’ du Celecoxib.