Base de données publique et gratuite de référence sur les médicaments, état fin 2014

Le Ministère de la Santé fait un bilan de la «  Base de données publique et gratuite de référence sur les médicaments » :  

« Le 1er octobre 2013, Marisol TOURAINE lançait, première base de données publique et gratuite de référence sur les médicaments, comprenant plus de 12 000 spécialités pharmaceutiques et adossée à un site web d’informations pédagogiques. Au cours des douze derniers mois, plus de 7 millions de pages de la base ont été consultées, par près de 900 000 internautes », voir ce lien

La première base oui, seulement si on oublie que le « Répertoire des Spécialités Pharmaceutiques » l’’a précédé.

Il faut se réjouir du lancement de cette base de données et déplorer qu’il ait fallu attendre 2013 pour la lancer alors qu’’aucune difficulté technique ne s’’y opposait, le Ministère de la Santé disposant par définition des RCP puisque c’’est lui qui contrôle leur rédaction lors des AMM. Enfin mieux vaut tard que jamais.

La mise à disposition de tous, français ou étrangers, professionnels de santé ou particuliers, de la Base de données publique des médicaments, actuellement globalement à jour, est bienvenue, elle constitue un progrès considérable et doit devenir la principale source d’’information, du médecin en particulier, parallèlement au Dictionnaire Vidal, version papier ou informatique, qui a l’’inconvénient d’être payant, sauf pour des médecins libéraux en activité. Cette base de données est aussi à la disposition des particuliers qui pourront ainsi avoir les mêmes informations que les professionnels de santé.

La possibilité de consulter gratuitement le RCP de tous de tous les médicaments commercialisés en France va modifier le comportement des médecins et des malades : les médecins pourront peut-être déplorer que les malades soient au courant des effets indésirables connus des médicaments qu’’ils prescrivent mais ceci est inévitable, par le passé on ne disait pas aux malades qu’’ils étaient atteints d’’un cancer… L’’enseignement universitaire et postuniversitaire de pharmacologie et de thérapeutique doit s’’appuyer sur les RCP. Le but essentiel de la pharmacologie est de donner une formation permettant de comprendre, avec un esprit critique, les informations données dans les RCP. C’’est ce que j’’essaie de faire sur le site internet Pharmacorama et dans le livre récent, Pharmacologie, les médicaments Pierre Allain, CdM éditions 2014. Je pense qu’’un livre permet de mieux délimiter, mieux « matérialiser » les connaissances, le raisonnement à acquérir pour bien utiliser les médicaments.

Je consulte très fréquemment les RCP. Pour que le recueil de RCP soit encore plus utile, je rappelle une fois de plus les aménagements qui me paraissent indispensables,  les voici :

  • Le RCP doit donc être tenu à jour, au jour le jour si l’’information le justifie, si par exemple tel organisme du Ministère met en garde contre un risque d’’effet indésirable grave, cette information doit instantanément être incluse dans le RCP correspondant, le RCP étant la référence.
  • Les additifs comme les extensions, les restrictions, les précautions d’’emploi devraient être mis en exergue (pendant une durée de 1 an par exemple) et datés. Si, dans le cas du Médiator, ce type de dispositions avait été utilisé les modifications successives d’indications auraient attiré l’’attention, voir ceci
  • Le RCP doit rester un résumé, la description détaillée des modalités des essais cliniques masque des résultats le plus souvent médiocres. Ce qui importe, c’’est la conclusion que l’on tire de l’’essai. Les modalités de l’’essai pourraient être accessibles à ceux qui le souhaitent par un simple lien informatique vers le résumé de la publication originale.
  • La description des effets, paragraphe pharmacodynamie, doit être hiérarchisée : savoir qu’’un anticancéreux  prolonge la durée de vie sans aggravation de la maladie me paraît moins important que de savoir qu’il ne prolonge pas la durée de vie globale ou qu’il dégrade la qualité de vie en survie (effets indésirables).
  • L’ASMR, Amélioration du Service Médical Rendu, qui donne en quelques mots une idée globale de l’’intérêt d’’un médicament, devrait être introduite dans le RCP, ainsi que le prix si véritablement on veut sensibiliser les médecins au coût du traitement.
  • Les effets indésirables d’’une même classe de médicaments doivent être présentés d’’une manière homogène pour faciliter les comparaisons. Actuellement, si un médicament d’’une classe a un effet indésirable donné et que le médecin veuille le remplacer par un autre de la même classe pour lequel cet effet indésirable n’est pas signalé, il doit fouiller dans des listes présentées différemment pour tenter de trouver l’’information.
  • Puisque les données  existent  il faudrait créer des liens informatiques permettant par exemple de classer les médicaments par indication, par mode d’’action, de citer les médicaments pouvant donner tel effet indésirable….
  • Les liens hypertextes doivent rester fonctionnels pendant un temps suffisant.

Enfin, même si les possibilités de l’’informatique paraissent quasi-infinies, l’’inondation du marché par des médicaments sans intérêt n’’arrange pas les choses.

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