« Le collège des directeurs de l’Union nationale des caisses d’assurance maladie décide de subordonner la prise en charge de toute instauration d’un traitement par rosuvastatine à l’accord préalable du service du contrôle médical ». A partir du 1er novembre, le médecin ne pourra plus débuter un traitement par Crestor* sans accord préalable de la Sécurité Sociale, si du moins il souhaite que la rosuvastatine, Crestor*, soit remboursée.
Il en est de même pour l’ézétimibe, Ezetrol* et ézétimibe plus simvastatine Inegy*, Vytorin*. Pour plus d’information technique sur ézétimibe, voir ici.
Voir textes du Journal Officiel, 1 et 2.
La situation actuelle en matière de statines est la suivante : sur 5 principes actifs 4 sont génériqués, la simvastatine (Zocor*, Lodalès* plus génériques, 73 produits), la pravastatine (Vasten*, Elisor* plus génériques, 66 produits), la fluvastatine (Lescol*, Fractal*, 46 produits) et l’atorvastatine (Tahor*, 94 produits)… on ne manque pas de génériques ; seule la rosuvastatine n’est pas encore génériquée et n’existe que sous le nom de Crestor* avec 3 dosages, 5, 10 et 20 mg. Le prix des statines génériquées est, à première vue, environ 3 fois plus bas que celui de la rosuvastatine. Le frein à la prescription de Crestor*, son déremboursement de fait, devrait donc entraîner des économies.
Cette décision du collège des directeurs… appelle quelques remarques :
Cette décision s’applique t’elle aux médecins hospitaliers, autrement dit sont-ils tenus de faire une demande préalable de prescription. Si un malade sort de l’hôpital avec une prescription de Crestor* (qui est pratiquement gratuit pour l’hôpital), le médecin généraliste peut-il renouveler simplement l’ordonnance ou doit-il faire une demande d’accord préalable ?
Pour un médecin connaitre le prix des médicaments n’est pas chose facile. Le Dictionnaire Vidal donne le prix des spécialités de référence qui sont remboursées par la Sécurité Sociale mais pas celui des génériques, ce qui se comprend bien, compte tenu d’une situation inextricable. Sur le site de l’ANSM, le prix du médicament n’est pas indiqué dans le RCP mais il l’est dans la Notice info. En règle générale, le prix d’un médicament, y compris les génériques, augmente lorsque la dose par unité augmente, mais ce n’est plus le cas pour la plupart des génériques des statines, qu’il y ait 2 ou 8 fois plus de principe actif par unité, le prix est le même. Ceci a accentué la différence de prix entre les produits de référence, les princeps, et leurs génériques, le prix des uns et des autres changeant de plus sans cesse. Par ailleurs, pour compliquer les choses, il existe des conditionnements à 28, 30 et 84, 90 et même 50 comprimés par boîte. Je ne sais pas si le collège des directeurs… a adressé aux médecins un tableau du prix des différentes statines, génériquées ou non, pour les inciter à tenir compte du prix de leur prescription, avant de décider d’imposer l’entente préalable.
Quant au non-respect des « recommandations de la Haute Autorité de Santé », les restrictions à la prescription de Crestor*, voir le « logigramme », ne sont pas mentionnées dans le RCP de Crestor* qui ressemble à celui des autres statines. Le RCP n’est-il plus la référence en matière de prescription. Je signale en passant que le RCP et la Notice info de certaines statines, au paragraphe Indications thérapeutiques, mentionne patients avec facteurs de risque… « avec cholestérol normal »…
Enfin il faut rappeler que ce ne sont pas les médecins qui accordent les AMM et fixent le prix des médicaments.