Dans un précédent article j’ai cité, parmi d’autres, l’affaire du furosémide Teva*. Bien que totalement ahurissante, comme elle était confirmée par l’ANSM et qu’il existe actuellement un désordre certain dans la fourniture des médicaments, j’ai cru utile de la mentionner. Il semble que tout ait été fait pour l’oublier sans donner la moindre explication; dire simplement que c’est « un phénomène isolé » ne suffit pas, même isolé, il y a certainement des leçons à en tirer.
Cette affaire du furosémide Teva est l’occasion de souligner l’augmentation du risque d’erreurs dans la prise des médicaments du fait de la présentation des génériques. En effet, sur chaque boîte de générique il y a 2 noms, écrits en grands caractères à peu près identiques, celui du générique, le principe actif sous sa dénomination commune internationale, et celui, parfois répété jusqu’à 8 fois, de la société qui le commercialise Teva, Biogaran, Mylan, Zentiva, Sandoz, Zydus, Qualimed, Evolugen, Tabugen et bien d’autres (en la circonstance je préfère dire société plutôt que laboratoire). Le malade, pour chaque médicament, a donc 2 noms à prendre en considération dont l’un susceptible de changer au gré des circonstances et qui n’a aucun intérêt si l’on admet que tous les génériques se valent. Ce nom en gros caractères de la société est en fait une publicité qui laisse entendre que certaines « marques » de génériques seraient plus fiables que d’autres.
Pour illustrer ce que je viens de dire, imaginons un malade traité par FUROSEMIDE TEVA et ZOPICLONE TEVA, il ne doit pas se tromper de TEVA; imaginons un malade sous FUROSEMIDE TEVA et ZOPICLONE BIOGARAN, lors du renouvellement de la prescription il passe au FUROSEMIDE BIOGARAN et à la ZOPICLONE TEVA, et ainsi de suite, les variantes ne manquent pas… Il y a de quoi s’emmêler les pattes !
Bien entendu, le nom de la société qui commercialise le générique doit être mentionné sur chaque boîte mais rien n’oblige à ce qu’il soit au premier plan, aussi clairement mentionné que celui du principe actif.
Chaque boîte de générique ne devrait comporter, écrit en grands caractères, qu’un seul nom, celui du principe actif, éventuellement suivi de la quantité unitaire, s’il en existe de différentes.
La pharmacovigilance a-t-elle fait le bilan des effets indésirables lié à la présentation des génériques? Est-il acceptable de faire subir aux malades la publicité des génériqueurs?
Le générique, un médicament qui coûte cher !
Additif 10/07/2013
J’ai écrit le texte précédent avant l’annonce par Erik Roche, société Teva, de l’explication de l’affaire du FUROSEMIDE Teva, « la maladresse d’une dame âgée ». Si, sur les génériques le nom de Teva n’apparaissait pas en plus grands caractères que celui du principe actif, la dame âgée ne se serait peut-être pas trompée. La «vieille dame » est en droit de porter plainte contre la Ministre de la Santé pour continuer à tolérer sur les boites de génériques une publicité source de confusions graves de conséquences. Quand ce qui était attendu arrive, on ne doit pas s’en étonner. Si je comprends bien, la gendarmerie serait plus apte à mener une enquête concernant les médicaments que l’ANSM. Faut-il déclarer les effets indésirables des médicaments à la gendarmerie ?