Une étude brésilienne publiée dans JAMA Psychiatry, online le 8 mai 2013, rapporte des résultats inattendus concernant la possibilité de traitement de la schizophrénie par le nitroprussiate. L’essai clinique mené sur 20 malades schizophrènes montre qu’une perfusion intraveineuse de nitroprussiate de sodium, à la dose de 0.5 microgramme par kg et par minute pendant 4 heures améliore l’ensemble de leurs symptômes, l’amélioration débutant à la fin de la perfusion et durant 1 mois.
Cet essai clinique a été effectué entre mars 2007 et mars 2009 et publié, certes online, mais seulement en mai 2013. Pourquoi ce délai, pourquoi ne pas avoir continué à utiliser un traitement si efficace ?
Le nitroprussiate de sodium est un produit instable qui se décompose facilement, même dans le flacon de perfusion qu’il faut protéger de la lumière. Dans l’organisme il libère de l’oxyde nitrique, NO, voir ici, à l’origine de l’effet hypotenseur, et du cyanure, CN– . Le cyanure en présence de thiosulfate endogène est transformé en thiocyanate, SCN–, voir ici.
On peut penser que si le nitroprussiate est véritablement efficace dans la schizophrénie, ce n’est pas lui-même qui agit ni le cyanure, c’est peut-être comme le suggère l’éditorialiste le NO libéré qui activerait les récepteurs NMDA. On peut aussi se demander si le thiocyanate n’y participe pas. Le thiocyanate a des effets centraux, à doses élevées il entraîne des symptômes neurologiques, acouphènes, myosis, hyperréflectivité, confusion, hallucinations. Il serait intéressant de faire un essai thérapeutique avec le thiocyanate. Le thiocyanate est aussi un inhibiteur de la captation d’iode par la thyroïde, voir ici, il a été utilisé vers 1950 dans le traitement de l’hypertension artérielle.
Le nitroprussiate de sodium, appelé aussi sulfocyanate et rhodanate, est commercialisé en France sous le nom de Nitriate*, RCP du Nitriate.