Des auteurs italiens, dans un article publié dans le NEJM du 9 mai 2013, ont étudié chez des personnes ayant plusieurs facteurs de risque cardiovasculaire l’influence d’un régime enrichi en acides gras oméga-3 (
Ce résultat négatif confirme (voir ici et là) l’absence d’effet cardiovasculaire bénéfique d’une supplémentation en acides gras oméga-3. On peut toutefois supposer que l’étude se déroulant en Italie la plupart des personnes avaient déjà un régime suffisamment méditerranéen pour réduire les risques et masquer l’effet des oméga-3, ou que l’huile d’olive est aussi efficace que les oméga-3 !
L’affaire semble entendue, les oméga-3 n’ont guère d’intérêt, sauf qu’un article paru dans Annals of Internal Medicine du 2 avril 2013 montre que la mortalité cardiovasculaire (et à un moindre degré la mortalité globale) est réduite de plus de 25 % chez des personnes de plus de 70 ans qui ont la concentration plasmatique la plus élevée, quintile le plus élevé, en acides oméga-3, eicosapentaénoïque, docosapentaénoïque et docosahexaénoïque, par rapport à ceux qui ont la concentration la plus basse. Voici la conclusion des auteurs : “Higher circulating individual and total ω3-PUFA levels are associated with lower total mortality, especially CHD death, in older adults” (PUFA = polyunsaturated fatty acid, CHD = coronary heart disease).
Un autre article paru dans le PNAS online le 4 mars 2013 montre que l’acide oméga-3 docosahexaénoïque abaisse la pression artérielle en activant les canaux potassiques BK (large-conductance calcium-dependant potassium channel) qui, schématiquement, à l’état ouvert favorisent la sortie de potassium hors de la cellule, c’est-à-dire sa polarisation, ce qui induit un relâchement d’un muscle lisse. Voir cet article pour le mécanisme d’action. L’acide docosahaxaénoïque abaisse la pression artérielle en provoquant une vasodilatation. Un fait très important mis en évidence par les auteurs est que l’acide docosahexaénoïque active les canaux potassiques BK et que l’ester éthylique de l’acide docosahexaénoïque n’a pas cet effet, au contraire même, il s’oppose à l’action de l’acide docosahexaénoïque. De ce point de vue, la conclusion pratique est qu’il ne faut pas utiliser les esters éthyliques des acides gras oméga-3, ce qui a été fait dans l’article des italiens, mais les acides gras oméga-3 non estérifiés.
Conclusion : ceux qui recourent à une supplémentation en acides gras polyinsaturée oméga-3 doivent éviter de prendre des produits estérifiés.