Pylera* est une association de 3 médicaments, le bismuth,
sous forme de sous-citrate, 140 mg, le métronidazole, 125 mg, et la
tétracycline, 125 mg, par gélule, destinée au traitement des infections à
Helicobacter pylori.
La posologie quotidienne selon le RCP
est la suivante :
·
3 gélules après le petit déjeuner, plus 20 mg
d’oméprazole
·
3 gélules après le déjeuner
·
3 gélules après le dîner, plus 20 mg
d’oméprazole
·
3 gélules au coucher
Soit au total 12 gélules de Pylera* et 2 gélules
d’oméprazole à 20 mg, par jour, pendant 10 jours. Ceci correspond à 1680 mg par
jour de sous-citrate de bismuth.
La « nouveauté » Pylera* est qu’il s’agit de la
ré-introduction en France, je dis bien en France, du bismuth comme médicament,
après 40 ans de bannissement. J’ai déjà brièvement rappelé l’histoire des
intoxications au bismuth, les encéphalopathies, survenues en France au début
des années 1970, voir
ici, et analysé un essai clinique
de 2011, se rapportant à Pylera* non nommé.
Le risque que
Pylera* puisse entraîner des encéphalopathies aiguës dues à la présence de
bismuth est certainement très faible pour 3 raisons :
·
L’indication est restreinte aux infections à
Helicobacter pylori, (il n’y a guère eu d’intoxications lorsque le bismuth
était prescrit dans l’ulcère gastroduodénal ; les intoxications ont été
observées lorsqu’il était prescrit dans les autres troubles digestifs,
constipation, diarrhée, colites…)
·
La dose de bismuth est nettement plus faible que dans les années
1970
·
La durée de prescription est limitée à 10 jours.
Les effets indésirables de Pylera*, dépendants du
bismuth, ne devraient donc pas atteindre le stade d’encéphalopathies mais, s’ils
existent, être plus discrets et plus difficiles à mettre en évidence. Compte-tenu
des tonnes de bismuth avalées par la population en France dans les années 1970
et le nombre limité « d’encéphalopathies » on peut dire qu’il n’est pas
très toxique, mais il faut ajouter qu’aucune explication convaincante de la physiopathologie des encéphalopathies n’a été trouvée.
La réintroduction du bismuth en France, offre une possibilité
thérapeutique supplémentaire pour traiter les infections à Helicobacter pylori.
Je tiens cependant à souligner que j’aurais préféré que le bismuth ait été
introduit isolément et non sous forme d’une association, ce qui aurait laissé au
médecin le choix des médicaments à prescrire simultanément ou successivement au
bismuth, et ceci était possible sans augmenter le nombre de gélules ou de
comprimés à prendre quotidiennement. Il est possible qu’un traitement
séquentiel soit préférable à un traitement simultané, voir ici.
Une préparation de bismuth seul n’aurait pas dû coûter
bien cher alors qu’une spécialité associant des principes actifs, même anciens
et peu coûteux, rapporte plus à l’industrie pharmaceutique!