Les pilules contraceptives de troisième et quatrième générations, après avoir connu une période florissante, sont aujourd’hui vouées aux gémonies. Dans cette situation complexe deux remarques, à propos de générations et de génériques.
Je tiens tout d’abord à préciser que la classification des médicaments en « générations » n’est pas très saine : la chronologie de la découverte des molécules actives est un critère discutable qui naturellement laisse penser que les molécules de dernière génération sont plus efficaces et mieux tolérées que les molécules des générations précédentes, c’est d’ailleurs le message que l’industrie pharmaceutique cherche à faire passer pour que le médecin dise : je vous prescris un médicament de dernière génération (évidemment meilleur), même s’il est un peu plus cher et n’est pas remboursé par la Sécurité Sociale. Dire maintenant qu’il est préférable d’utiliser des contraceptifs de deuxième génération plutôt que ceux de troisième et quatrième génération est un aveu d’échec dans l’évaluation des médicaments. Il eût été préférable d’ignorer les « générations » et d’appeler les progestatifs associés à l’éthinylestradiol dans les différentes pilules par leur dénomination commune internationale, noréthistérone, lévonorgestrel, désogestrel, gestodène, norgestimate et drospirénone. Alors, faut-il s’attendre à ce que la cinquième génération soit encore plus mauvaise que les précédentes ?
Foisonnement des génériques. Il est difficile de penser que, si les autorités, l’Afssaps, ANSM, savaient le danger des spécialités de « troisième génération », (c’est-à-dire qu’elles présentaient plus de risques que celles de « deuxième génération »), elles aient quand même continué jusqu’en 2012 à donner des autorisations de commercialisation des génériques correspondants. Quand on consulte le Répertoire des spécialités pharmaceutiques de l’ANSM, on trouve en matière de contraceptifs hormonaux un nombre invraisemblable de spécialités pharmaceutiques, références et génériques confondus: éthinylestradiol 189 spécialités, désogestrel 51, lévonorgestrel 37, gestodène 65, norgestimate 5, noréthistérone 5 (mais il n’y en a plus qu’une à être commercialisée, Triella*). Si l’on prend le gestodène il y a des spécialités avec 60 ou 75 microgrammes de gestodène et 15 ou 20 ou 30 microgrammes d’éthinylestradiol. Certaines pilules sont remboursées par la Sécurité Sociale, d’autres pas, leurs prix diffèrent, les plus chères supposées les meilleures. Ce flot de spécialités lancées avec l’accord de l’ANSM, a banalisé la pilule et créé un maquis inextricable où tout le monde se perd sauf peut-être l’industrie pharmaceutique, permettant aux laboratoires qui ont la plus grande force de « persuasion », de conquérir le marché.
Voir ce texte de 2011 dans Pharmacorama.
Remarque : en passant…
Selon un article du BMJ du 15 janvier 2013, le risque de thrombo-embolisme veineux chez la femme enceinte est plus élevé après fécondation in vitro (4.2 pour 1000) qu’après fécondation naturelle classique (2.5 pour 1000). Le risque d’embolies pulmonaires pendant le premier trimestre de la grossesse est de 3.0 pour 10 000 après fécondation in vitro et de 0.4 pour 10 000 après fécondation naturelle. Pour expliquer ces différences on peut évoquer l’élévation considérable des estrogènes durant la stimulation hormonale. Le médecin doit avertir la personne concernée de ce risque augmenté. Les auteurs rappellent que les symptômes de l’embolie pulmonaire peuvent être très insidieux et qu’il faut savoir la suspecter.