J’ai traduit « compounding » par préparations magistrales. En France, traditionnellement, on entendait par préparation magistrale un médicament préparé par le pharmacien lui-même (ou par son « préparateur ») dans son officine, à partir des composants. Actuellement, les pharmaciens n’effectuent plus guère eux-mêmes ce type de préparations, ils les confient à une pharmacie spécialisée.
Aux États-Unis, les choses ont pris plus d’ampleur et les « compounding pharmacies » peuvent être de véritables entreprises distribuant leurs « préparations » à l’ensemble du pays, elles se rapprochent ainsi des génériqueurs. Le New England Compounding Center, NECC, en est un exemple. Le NECC a commercialisé, entre autres médicaments, une préparation injectable à base de méthylprednisolone destinée à être administrée par voie épidurale (pour douleurs lombaires) ou par voie articulaire.
Cette méthylprednisolone NECC a provoqué des méningites fongiques, avec environ 30 morts, sans compter les séquelles des méningites non mortelles. On trouve le champignon responsable des méningites dans la terre mais aussi dans les flacons provenant de NECC, il s’appellerait Exserohilum rostratum, assez joli nom, n’est-ce pas !
En France on peut penser que les contrôles sont plus stricts et que les pharmaciens ont la sagesse de ne pas se lancer dans des préparations à risque mais il n’est pas très rassurant de voir qu’aux USA une entreprise localisée à Framingham, pas loin de Boston, puisse commercialiser des médicaments contaminés par un champignon. Ça rend méfiant !
Alors on va renforcer les contrôles, mais en vain, car c’est l’ensemble du système médicaments qui est malade, il est devenu non pas une usine à gaz mais un conglomérat d’usines à gaz, et nécessite une remise à plat, un traitement de choc.
Pour plus d’informations sur cette contamination, voir par exemple textes de la FDA, du BMJ, du NEJM et du Lancet et plus particulièrement celui-ci NEJM du 19 octobre 2012 « Fungal infections associated with contaminated methylprednisolone injections… »