Les résultats d’une étude clinique publiée dans le JAMA du 28 septembre 2011 confirme, voir texte de 2006, que l’extrait de Serenoa repens, appelé aussi saw palmetto en anglais, n’est pas plus efficace sur les troubles urinaires de l’hypertrophie bénigne de la prostate que le placebo. Il est aussi bien toléré que le placebo. En France l’extrait de Serenoa repens est commercialisé sous le nom de Permixon*.
Si on peut appliquer les résultats des deux études citées au Permixon*, faut-il continuer à le prescrire, supprimer son remboursement à 35 %, abaisser son prix ?
Cette question mérite réflexion car elle soulève un problème général de médicaments largement utilisés, bien tolérés et dont l’efficacité se situe au niveau de celle du placebo.
Dire qu’un médicament ne fait pas mieux qu’un placebo ne signifie pas qu’il ne fasse pas mieux que rien car un « bon »placebo a une efficacité réelle. Dire qu’un médicament est aussi efficace et aussi bien toléré qu’un placebo n’est donc pas totalement négatif car il doit faire mieux que rien et être utile notamment dans les troubles fonctionnels mineurs qui sont divers et fluctuants.
Pour ma part, je pense que ces médicaments sont utiles aux médecins et aux malades. Ils permettent d’avoir un effet placebo et d’éviter au moins transitoirement de passer à des médicaments sans doute plus efficaces mais avec davantage d’effets indésirables : dans le cas évoqué, hypertrophie de la prostate, les alpha-bloquants et les inhibiteurs de la 5-alpha réductase.
Concernant le Permixon*, il est remboursé à 35 % et le coût d’un traitement mensuel est de 30,31 euros, boîte de 60 gélules, 2 par jour. Je crois que la solution la plus appropriée serait simplement de réduire son prix, en le divisant par 3 par exemple, sans changer son taux de remboursement. A titre de comparaison, une boîte de 30 comprimés de Lévothyrox* à 100 microgrammes, pour 1 mois de traitement, est vendue 2,74 euros et, malgré ce très faible prix, il a des génériques !
Note : le Tadénan*, extrait du prunier d’Afrique, produit du même type que le Permixon*, est vendu 28,32 euros les 60 capsules, pour un mois de traitement ; il est remboursé à 35 %, son prix pourrait également être abaissé.
Additif le 9 Octobre 2011 :
Le Laboratoire Pierre Fabre m’a adressé le 6 octobre 2011 un e-mail me demandant de corriger une erreur que j’aurais commise dans l’article ci-dessus en extrapolant au Permixon* les résultats des deux études que j’ai analysées et qui montraient que l’extrait de Serenoa repens n’était pas plus efficace que le placebo. Selon le Laboratoire Pierre Fabre les conclusions ne s’appliqueraient pas à leur produit parce que l’extrait utilisé par les auteurs des articles serait différent de l’extrait présent dans Permixon*, le premier étant extrait à l’éthanol et l’autre à l’hexane (bien que tous deux soient donnés pour contenir 160 mg d’extrait de Serenosa repens par unité de prise).
Pharmacorama est tout disposé à publier les documents complémentaires que le Laboratoire Pierre Fabre nous adresserait, bien sûr concernant la composition des différents extraits, mais surtout concernant l’efficacité clinique du Permixon* comparée à celle d’un placebo, car là est l’essentiel.
D’une manière générale, lorsque je rapporte des résultats provenant de la littérature internationale sur un sujet donné, je rappelle la situation en France pour être concret et j’espère utile. Dans l’article ci-dessus j’ai d’ailleurs écrit « Si on peut appliquer les résultats des deux études citées au Permixon*… ». Je pense que oui, mais peut-être à tort…si la suite le démontre.
Lorsqu’un laboratoire pharmaceutique estime qu’un texte de Pharmacorama n’est pas conforme à ce que l’on considère comme la « vérité » du moment, je l’invite à apporter ses arguments qui seront publiés et créer ainsi une source de réflexion.