A la performance

Désormais en prenant un verre de champagne, ne plus dire « à votre santé » mais « à la performance ».

Je veux parler du paiement des médecins « à la performance». La réforme ayant été signée par plusieurs syndicats médicaux, les médecins généralistes seront désormais rémunérés à l’acte, comme actuellement, et à la performance. Plus ils seront « performants » plus l’indemnité que leur versera l’Assurance Maladie sera élevée, atteignant au maximum autour de 9000 euros par an.

Les médecins vont devenir  performants en appliquant les consignes de la CNAM qui les récompensera par des bons points et une indemnité proportionnelle au nombre de ces bons points, mais seront-ils compétents ? Vont-ils confondre l’intérêt du malade avec leur propre performance ? 

Curieux de savoir comment on évaluait la performance d’un médecin, j’ai consulté le texte  publié dans le JORF, Journal Officiel de la République Française. C’est assez affligeant ! Une nouvelle usine à gaz  bâtie sur des critères accessoires, des substituts, (« surrogates » en anglais). Un pas de plus vers la déresponsabilisation des médecins, ils n’auront plus besoin de réfléchir, il leur suffira d’appliquer les  règles de l’Assurance Maladie et de la Haute Autorité. Pas un mot concernant l’intérêt du malade à qui cette réforme n’apporte rien. 

En arrière fond de cette réforme il y a les « référentiels » émis par la Haute Autorité. Ces référentiels sont des compromis faits par les membres de la Haute Autorité, à un moment donné et pas nécessairement mis à jour par la suite, à partir de publications internationales dans lesquelles la participation française est quasi inexistante ou nulle. Ces compromis deviennent des consensus, puis « la position française » que le monde entier nous envie, et enfin des référentiels auxquels on ne peut déroger. Ces référentiels s’appliquent de plus à des domaines où les opinions sont diverses et changeantes, hypertension artérielle (diagnostic et traitement), diabète (traitement intensif ou non, Médiator*, rosiglitazone, pioglitazone…), prévention par examens systématiques. L’histoire de la médecine nous a appris que les vérités d’un jour peuvent devenir les erreurs du lendemain. On aura donc des médecins performants mais pas nécessairement compétents.

On peut être désemparé devant ces constructions dérisoires, mais d’un autre côté on peut se dire que la médecine française n’a plus  grand-chose à perdre, elle a déjà été tellement dézinguée… La part des français dans la littérature médicale internationale se rétrécit, les ouvrages de médecine écrits en français sont traduits de l’anglais, le matériel dans les hôpitaux et les laboratoires de recherche viennent de l’étranger…

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