L’ETP c’est l’éducation thérapeutique du patient. J’ai pris connaissance des Textes et Décrets du mois d’août 2010 régissant la mise en place de l’ETP et il m’a semblé qu’il s’agissait d’une nouvelle usine à gaz destinée à satisfaire divers groupes de pression qui espèrent en tirer profit.
Le système de santé actuel et les moyens d’information en général semblent suffisamment étoffés pour assurer « l’éducation thérapeutique du patient » sans qu’il soit nécessaire d’ajouter une grosse couche de dispositifs tordus. Le malade, qu’on appelle aujourd’hui patient, est, sauf peut-être dans les zones à faible densité médicale, en contact avec des médecins généralistes et spécialistes de tout acabit, des infirmières, des kinésithérapeutes, des psychologues, des dentistes, des sages-femmes, et ses médicaments sont délivrés par des pharmaciens ; tout ce monde devrait quand même être en mesure, et c’est aussi son rôle, de donner aux malades des conseils avisés. Par ailleurs le malade lui-même reçoit des informations de la télévision, des livres, journaux et revues, et de plus en plus par Internet et puis par le bouche-à-oreille qui ne date pas d’hier, et encore par les « associations », par la publicité visible ou masquée de l’industrie pharmaceutique ou alimentaire ou autre. On se demande ce que peut apporter de plus l’addition d’une couche supplémentaire « d’éducateurs thérapeutiques » ! Dans les zones de faible densité médicale un médecin ou une infirmière supplémentaire serait peut-être aussi utile qu’un « éducateur thérapeutique ».
Auparavant le rôle de principal conseiller était tenu par le médecin généraliste qui, notamment au cours de visites à domicile, retirait une impression globale de l’état du malade et de son environnement. Mais le médecin généraliste n’est pas considéré comme fiable puisque assez récemment il n’a pas été reconnu apte à assurer la vaccination antigrippale. Sa relève par une armée d’ « éducateurs » et de « formateurs d’éducateurs », chapeautée par ARS, HAS, DGS, CNAMTS et que sais-je encore, se met en place. On manque de médecins et d’infirmières mais pour l’ETP on trouve des désœuvrés (les désœuvrés sont à différencier des chômeurs : les chômeurs n’ont pas d’emploi, les désœuvrés ont un emploi généralement bien payé mais avec peu de contraintes, ce qui leur permet, en courtisant le pouvoir politique, de monter et de diriger des actions pour lesquelles ils n’ont guère de compétence).
Je suis bien sûr favorable à l’information des malades et à leur participation active à leur propre traitement mais je suis opposé à la construction de nouvelles usines à gaz, même si la France est un pays riche. Je signale que Pharmacorama a d’emblée été ouvert à tous, professionnels de santé, malades et bien portants.
Le fait que le malade va avoir à sa disposition, non seulement des informations, mais aussi divers moyens de diagnostic et de contrôle, ne change pas fondamentalement les choses. Cette évolution se fera avec ou sans l’ETP, les gens n’ont pas attendu l’ETP pour acheter des appareils de tension artérielle.
Enfin, la « thérapeutique » est une chose difficile, changeante, avec des incertitudes et des revirements incessants et doit être adaptée à chaque cas particulier. Les « éducateurs thérapeutiques », avec une formation allégée, vont jouer le rôle de la mouche du coche
Certes, les hommes et les structures ont un grand pouvoir d’adaptation et se coulent dans les réformes mêmes les plus contestables, un nouvel état d’équilibre se crée, certains en tirent profit, mais le citoyen est finalement le dindon de la farce.
Cet avis personnel me semble bien loin de la réalité de terrain !
Ce n’est pas parce qu’un patient possède un appareil d’automesure tensionnelle qu’il l’utilise correctement, que les valeurs reportées servent de base à un ajustement de son traitement, voire même que son médecin s’intéresse à cette pratique.
Actuellement le temps moyen d’une consultation médicale étant de 7 minutes, comment oser prétendre éduquer le malade ?
Il faudra bien reconnaître un jour que si les médecins ont des compétences certaines, ils n’ont pas la science infuse, ne sont pas les maîtres du monde et ne peuvent se suffire à eux-mêmes !
Ce n’est pas « l’éducation thérapeutique du malade » que je conteste, Pharmacorama a toujours été ouvert à tous et gratuitement, mais la création d’un nouveau corps d’ « éducateurs » venant se superposer à tout le reste.