Critères de diagnostic d’une maladie : leur changement déplace la ligne de séparation entre bien portants et malades (à traiter).

En changeant les critères de diagnostic d’une maladie, en particulier des paramètres biologiques, on réduit ou on augmente le nombre de malades qui en sont atteints et par conséquent à traiter. Le déplacement de la frontière entre bien portants et malades change leur répartition.

Ray Moynihan, dans un article paru dans le BMJ du 3 mai 2011, analyse le rôle des experts dans la définition d’une maladie et constate que la plupart d’entre eux ont de nombreux liens avec l’industrie pharmaceutique, ce qui pourrait les conduire à favoriser l’entrée dans la catégorie malades. Il signale ainsi que 11 des 12 experts qui ont participé à la définition de la « pré-hypertension artérielle » avaient des liens avec l’industrie pharmaceutique ; cet abaissement des chiffres normaux de tension artérielle fait que près de 60 % des adultes américains sont hypertendus. Il en a été de même pour la définition du diabète de type 2 et du diabète gestationnel. De même dans le  DSM-4, l’affaiblissement des critères de diagnostic conduit à une augmentation du nombre de personnes atteintes de troubles de l’attention et  d’autisme. L’auteur s’interroge sur les moyens de limiter les conflits d’intérêts non seulement chez ceux qui prennent des décisions concernant les médicaments mais aussi chez ceux qui définissent les maladies.

Cette analyse ne cherche pas à contester les « nouvelles frontières » des maladies mais simplement à faire prendre conscience des multiples motivations sous-jacentes aux décisions prises.

Le docteur Knoch et Jules Romains avaient raison « les gens bien portants sont des malades qui s’ignorent ».

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