Une méta-analyse publiée dans le BMJ du 17 mars 2011 confirme que la rosiglitazone, Avandia*, a provoqué davantage d’effets indésirables, infarctus du myocarde, insuffisance cardiaque et mortalité, que la pioglitazone. Les auteurs estiment que, pour 100 000 malades traités par la rosiglitazone, il y a eu un surplus de 170 infarctus du myocarde, 649 insuffisances cardiaques et 431 décès (par rapport à la pioglitazone qui, elle-même, n’est peut-être pas blanche comme neige). Ces résultats justifient le retrait du commerce de la rosiglitazone et laissent déplorer que ce retrait n’ait pas été plus précoce. En effet les données de la littérature médicale internationale ont montré d’une manière répétée, sans ambiguïté, les dangers de la rosiglitazone et Pharmacorama en a averti ses lecteurs à maintes reprises, voir ce texte récapitulatif. A partir de la surmortalité attribuée à la rosiglitazone, 431 décès pour 100 000 malades traités, on pourrait chercher à évaluer le nombre de décès survenus en France.
L’histoire d’Avandia* incite à faire un parallèle avec l’affaire du Médiator* même si l’une se passe à l’échelle internationale et concerne un médicament récent (AMM en 2000) et l’autre se passe au niveau franco-français et concerne un médicament ancien.
L’affaire du Médiator*, qui parait avoir provoqué entre 500 et 2000 décès, a fait grand bruit, l’enquête de l’IGAS d’excellente qualité semble suffisante pour en tirer des leçons; les commissions, parlementaire, sénatoriale ou autre, n’apporteront sans doute pas grand-chose de plus.
Le retrait du marché d’Avandia* s’est fait à bas bruit. Les commissions, parlementaire et sénatoriale, pourraient s’interroger sur les tergiversations qui ont conduit à retarder le retrait du marché de la rosiglitazone, en dépit des données clairement alarmantes de la littérature.
Médiator* ou Avandia*, lequel a donné le plus fort excès de mortalité? En France et à travers le monde ? Si dans les essais cliniques, la rosiglitazone avait été comparée à la metformine (qui réduit la mortalité d’environ 25 %), la surmortalité attribuée à la rosiglitazone aurait sans doute été encore plus élevée ! Quelle a été l’incidence de la prescription de ces « antidiabétiques » qui ont dû être retirés du commerce, sur les dépenses de santé ?
La pharmacovigilance pourrait peut-être apporter rétrospectivement son concours pour mieux cerner ces questions, notamment la surmortalité, et publier les résultats non pas sous forme de rapport interne mais d’articles dans des revues internationales.
J’invite encore une fois les lecteurs à lire ce texte que j’ai écrit en novembre 2010.