Auteur : Pierre Allain

Autres antiviraux agissant sur les virus à RNA et à DNA

Les deux antiviraux agissant sur les virus à DNA et à RNA sont la ribavirine et le foscarnet.

Ribavirine

La ribavirine est un nucléoside synthétique dont la structure chimique comporte un ribose et un noyau triazole. Ce dernier se rapproche du noyau imidazole des bases puriques et du noyau des bases pyrimidiques. Il a un large spectre antiviral, à la fois contre des virus à DNA et à RNA.

La ribavirine est métabolisée en dérivés mono, di et triphosphate. Elle a plusieurs mécanismes d’action mal cernés. Elle inhibe l’inosine 5′-monophosphate (IMP) déhydrogénase, responsable de la conversion de l’IMP en xanthosine 5′-monophosphate, conduisant à la synthèse de RNA.

La ribavirine est prescrite en aérosol dans le traitement des infections respiratoires à virus syncitial. Cependant, son efficacité dans cette indication reste à démontrer. En cas d’utilisation en aérosol, des précautions particulières pour assurer une bonne ventilation de la pièce où se trouve le malade doivent être prises pour éviter la contamination du personnel soignant, notamment des femmes susceptibles d’être enceintes, car la ribavirine est tératogène et a une très longue demi-vie en raison de son accumulation dans les globules rouges.

Actuellement la ribavirine est utilisée par voie buccale en association avec l’interféron alfa-2b dans le traitement de l’hépatite C chronique, association donnant des résultats intéressants.

 

Ribavirine

RÉBÉTOL* gélule, sol buvable
COPEGUS Cp à 200 et 400 mg

La ribavirine étant tératogène à très faibles doses, des précautions doivent être prises pour éviter une grossesse chez la femme traitée ou partenaire d’un homme traité.

Foscarnet

Le foscarnet est un inhibiteur de la DNA polymérase virale de structure chimique particulière : c’est un phosphonoformate trisodique sans analogie avec les bases puriques et pyrimidiques.

Le foscarnet s’oppose à la multiplication des virus à DNA comme ceux du groupe Herpes : Herpes simplex, varicelle, zona, Epstein-Barr, cytomégalovirus et virus de l’hépatite B.

Le foscarnet inhibe de plus la transcriptase inverse et perturbe la multiplication des virus à RNA ou rétrovirus comme ceux de l’immuno-déficience humaine.

Sur le plan pharmacocinétique, la foscarnet a une demi-vie plasmatique courte et s’élimine par le rein. En cas d’insuffisance rénale une réduction de sa posologie est nécessaire.

La principale indication du foscarnet est le traitement de la rétinite à cytomégalovirus dont la transmission s’effectue surtout par voie sanguine et sexuelle. Cette rétinite s’observe surtout chez les patients atteints du SIDA. Il peut être également utilisé dans le traitement des infections mucocutanées à virus Herpes simplex résistant ou insensible à l’aciclovir, chez les patients immunodéprimés.

 

Foscarnet

FOSCAVIR* Inj

Parmi les effets indésirables du foscarnet, on peut citer l’insuffisance rénale, des troubles hématopoïétiques (anémie, leucopénie) et une hypocalcémie. Cette dernière s’explique par le fait que le foscarnet est un chélateur du calcium et d’autres éléments comme le magnésium, le cuivre et le zinc. La chélation peut d’ailleurs expliquer au moins partiellement son effet pharmacologique sur la DNA polymérase.