Le BMJ du 6 janvier 2011 publie un article d’un journaliste Brian Deer et un éditorial de Fiona Godlee concernant un ancien article du Lancet mettant en cause les dangers du vaccin ROR. Rappelons les principaux faits.
En 1998 le Lancet a publié un article (retiré récemment) qui montrait un lien entre la vaccination par le vaccin ROR (rougeole, oreillons, rubéole), en anglais MMR (measles, mumps, rubella) et l’apparition d’un autisme et de troubles digestifs. Le principal auteur de cet article était Wakefield. Les conclusions de l’article de Wakefield ont été contestées et d’autres travaux, voir Pharmacorama 2002, n’ont pas trouvé de liens entre la vaccination et la survenue d’un autisme. Dans cette affaire on pouvait avoir tendance à penser que la puissante industrie pharmaceutique tendait à étouffer les révélations de « bons auteurs indépendants ». Ce n’était pas le cas, les bons auteurs n’étaient pas irréprochables.
L’enquête de Brian Deer a montré que l’article de Wakefield comportait non pas des erreurs mais des falsifications délibérées visant à mettre en cause le vaccin ; Wakefield aurait été payé par l’avocat qui défendait les personnes supposées avoir eu des troubles provoqués par la vaccination.
Cette affaire montre que l’industrie pharmaceutique, la principale source des conflits d’intérêts, n’est pas la seule à être tentée, à travers diverses interventions, de « corriger » certains faits, d’en écarter d’autres, voire même de les falsifier.
Il y a chez chacun un fonds de préjugés plus ou moins variables, plus ou moins conscients, qui conduisent à donner aux évènements une coloration particulière. Ces préjugés sont évidemment modelables au gré des influences exercées, et certaines comme ce que l’on appelle les conflits d’intérêt sont particulièrement efficaces.