Le Docteur Maurice Algazi, Paris, m’a adressé une publication, dont il est le premier signataire, faisant apparaître un lien possible entre le traitement par bêta-bloqueurs et une moindre fréquence des cancers et il faisait remarquer par ailleurs qu’un bêta-bloqueur, le propranolol, avait récemment montré son efficacité dans les hémangiomes infantiles, peut-être par un effet anti-angiogénique.
La publication de M.Algazi et collaborateurs, intitulée « Les traitements par bêta-bloquants pourraient-ils être associés à une diminution du risque de cancer », parue dans Revue Epidémiologique Santé Publique en 2004, montre un effet bénéfique des bêta-bloqueurs sur le risque de cancers ; ce résultat pouvait sembler surprenant, d’autant que le mécanisme d’action supposé de type anti-stress était mal cerné.
Le fait que le propranolol soit efficace dans les hémangiomes infantiles comme l’ont montré des auteurs bordelais, voir Pharmacorama 2009, fait très largement confirmé depuis dans la littérature internationale, montre clairement que le propanolol, bêta-bloqueur de référence, a des propriétés plus étendues que ce que l’on pensait initialement.
Enfin des travaux des dernières années confirment l’implication dans la cancérogenèse du système sympathique, notamment par la présence de récepteurs adrénergiques bêta au niveau des cellules tumorales, voir articles 1, 2, 3, 4, et les propriétés anti-angiogéniques du propranolol, voir 1 et 2 (il s’agit de quelques articles récents pris parmi beaucoup d’autres !).
En pratique, il faut des études cliniques pour préciser, confirmer ou infirmer, le rôle des bêta-bloqueurs, en particulier du propranolol, en cancérologie. En attendant les résultats de ces études à venir, on peut envisager d’associer le propranolol au traitement anticancéreux classique, notamment chez des malades y répondant mal, en respectant bien-entendu les contre-indications des bêta-bloqueurs. Il ne faut sans doute pas en attendre des miracles mais seulement espérer une suspension ou un ralentissement de l’évolution de certaines tumeurs, ce qui serait déjà non négligeable.