Les deux principaux antagonistes compétitifs de la morphine et des morphinomimétiques, sans effet agoniste, sont la naloxone et la naltrexone. Ces deux substances ont des propriétés similaires mais sont utilisées dans des indications différentes.
Propriétés communes
- Elles diminuent ou suppriment les effets de la morphine : dépression respiratoire, analgésie, euphorie, somnolence, myosis.
- Administrées à un morphinomane sous l’effet d’un morphinique, elles déclenchent un syndrome de sevrage aigu.
- Administrées à un sujet normal, elles modifient peu les perceptions douloureuses, ce qui laisse supposer que le rôle physiologique des enképhalines serait faible.
- Elles réduisent la dépendance à d’autres substances, notamment l’alcool. La libération d’enképhalines et la stimulation des récepteurs m et d paraissent jouer un rôle dans la dépendance alcoolique par augmentation de la libération de dopamine au niveau du noyau accumbens.
Indications différentes
Naloxone
La naloxone, qui après administration par voie buccale est partiellementinactivée par métabolisme de premier passage, est utilisée par voie parentérale pour traiter les dépressions respiratoires induites par les morphinomimétiques. Elle n’améliore pas les dépressions respiratoires d’origine autre. Sa durée d’action est courte, de l’ordre de trente minutes. Des réadministrations peuvent être nécessaires. L’injection de naloxone pourrait aussi être utilisée pour le diagnostic de toxicomanie par les morphiniques, car elle déclenche un syndrome de sevrage chez le morphinomane, mais ceci n’est généralement ni utile ni très souhaitable. Après administration de fortes doses de naloxone, des cas d’hypertension artérielle ont été observés.
Naltrexone
La naltrexone est administrée par voie buccale dans le traitement de la dépendance morphinique pour éviter les rechutes. Après un sevrage de sept à dix jours, le morphinomane traité par la naltrexone (un comprimé à 50 mg par jour, par exemple) devient insensible à une prise éventuelle d’un morphinomimétique. Autrement dit, la prise de morphine est sans effet chez le toxicomane traité par la naltrexone. Mais, administrée à un morphinomane non abstinent, elle déclenche un syndrome de sevrage.
La naltrexone est également utilisée comme traitement de soutien dans le maintien de l’abstinence chez les malades alcoolo-dépendants. Elle diminue en effet l’envie de boire et le plaisir de consommer de l’alcool.
La naltrexone est bien absorbée après administration par voie buccale. Sa demi-vie plasmatique est voisine de quatre heures, celle de son principal métabolite actif, le ß-naltrexol, voisine de douze heures, ce qui explique son effet prolongé.
La naltrexone est commercialisée par le même laboratoire pharmaceutique sous deux noms commerciaux différents mais contenant la même quantité de produit actif par comprimé et par boîte.
- L’une des présentations est destinée au traitement de la dépendance à la morphine :
- L’autre est destinée au traitement de la dépendance à l’alcool :
Divers effets indésirables peu spécifiques et généralement sans gravité ont été observés au cours des traitements par naltrexone.
Nalorphine
La nalorphine a été largement utilisée comme antidote de la dépression respiratoire. Actuellement, on lui préfère la naloxone, antagoniste pur, car la nalorphine a des effets à la fois agonistes et antagonistes.
- Chez un sujet n’ayant pas reçu de morphine, la nalorphine peut entraîner une dépression respiratoire, un myosis, un effet analgésique faible, un état euphorique ou dysphorique. Son administration répétée provoque l’apparition d’une tolérance et son arrêt, un syndrome d’abstinence.
- Chez un sujet traité par la morphine, la nalorphine s’oppose aux effets de la morphine, parmi lesquels la dépression respiratoire.
- Chez un morphinomane, elle déclenche un syndrome d’abstinence.
Le nalméfène, non commercialisé en France, chimiquement proche de la naltrexone, est un antagoniste de longue durée d’action.