La protéine-C réactive, CRP, C-reactive protein en anglais, est une protéine synthétisée par le foie et libérée dans le plasma. Sa concentration plasmatique qui normalement se situe autour de 1 mg par litre s’élève considérablement au cours des maladies inflammatoires et d’une manière beaucoup plus discrète, autour de 3 à 5 mg par litre, chez les personnes à risque d’accidents cardiovasculaires, y compris les accidents vasculaires cérébraux, et divers cancers.
Il existe deux méthodes de dosage de la CRP : l’une classique mesurant des valeurs supérieures à 5 mg par litre et qui est utilisée pour mesurer l’importance de l’inflammation et l’autre, dite ultrasensible, mesurant des valeurs inférieures à 5 mg par litres pour évaluer notamment le risque cardiovasculaire chez des personnes n’ayant pas par ailleurs de syndrome inflammatoire.
Une méta-analyse publiée dans le Lancet du 9 janvier 2010 montre schématiquement qu’une concentration de CRP supérieure à 2 mg par litre correspond à une augmentation du risque cardiovasculaire (coronaire, AVC) et de cancers. Cependant il faut savoir que la concentration de CRP s’élève progressivement avec l’âge pour s’approcher de 2 mg vers 75 ans.
L’étude Jupiter dont nous avons déjà parlé dans Pharmacorama a focalisé l’attention sur le dosage de la CRP : en effet les personnes incluses dans cet essai avaient été retenues non parce qu’elles avaient un LDL-cholestérol élevé mais une CRP supérieure à 2 mg par litre. La rosuvastatine, à dose élevée, 20 mg par jour, par rapport au placebo, a eu des effets bénéfiques et assez peu d’effets indésirables (hormis une augmentation de la fréquence de diabète). Ces résultats ont conduit la FDA à élargir les indications de la rosuvastatine, Crestor*, aux personnes de plus de 50 ans pour les hommes et 60 ans pour les femmes, ayant une CRP ultrasensible supérieure 2 mg par litre (sans LDL-cholestérol élevé) et un autre facteur de risque (hypertension artérielle, HDL-cholestérol bas, fumeur, hérédité d’accidents cardiovasculaires).
La CRP ultrasensible n’est qu’un paramètre parmi beaucoup dans le bilan d’un risque cardiovasculaire. Il semble qu’il peut être utile lorsqu’on hésite sur l’opportunité de mettre en route un traitement médicamenteux prolongé.
La rosuvastatine occupe-t-elle une place à part parmi les statines ? Ses effets bénéfiques observés sur une courte durée, 2 ans, se maintiennent-ils en usage prolongé ? Quelle est l’incidence du diabète au long cours ? Enfin, que donnerait une posologie inférieure à 20 mg par jour, par exemple 5 mg ?
Il y a de nombreux articles sur les statines dans Pharmacorama, voir ici.
Remarque : il y a eu un article du Lancet très critique sur la rosuvastatine en 2003 et le commentaire de Pharmacorama en 2003.