Deux auteurs, l’un anglais D R Hill, l’autre américain E T Ryan, ont fait une mise au point dans le BMJ 11 octobre 2008 sur la prévention et le traitement de la diarrhée du voyageur (« Management of traveller’ diarrhoea »). Leur article concerne l’adulte sans facteur de risque particulier.
La diarrhée du voyageur peut être définie par l’existence d’au moins trois selles liquides par jour, accompagnée ou non de symptômes tels que crampes abdominales, nausées, vomissements, fièvre.
Les causes de cette diarrhée dépendent des régions et des saisons mais sont généralement d’origine infectieuse, bactériennes (50 à 75 %) à Escherichia coli, Campylobacter, Salmonella, Shigella …, virales à Noxovirus et Rotavirus, parasitaires à Giardia intestinalis, Cryptosporidium… ou rarement d’origine non infectieuse dues à certains aliments. Des toxines microbiennes déjà présentes dans la nourriture peuvent donner une intoxication aiguë à début très rapide.
La prévention repose sur des précautions d’hygiène alimentaire faciles à comprendre mais souvent difficiles à suivre strictement. La chimioprophylaxie par subsalicylate de bismuth (non commercialisé en France) et par antibiotiques type fluoroquinolones ou rifaximine (non commercialisée en France) doit être réservée à des cas particuliers, les antibiotiques favorisant les candidoses et les infections à Clostridium difficile. On peut recourir aux probiotiques, voir cet article.
Le traitement de la diarrhée nécessite un apport hydrique suffisant pour compenser les pertes. Le subsalicylate de bismuth peut être utilisé. Le lopéramide, Imodium* et génériques, réduit la motilité et les sécrétions intestinales, il agit rapidement mais il n’a aucun effet anti-infectieux. L’efficacité des probiotiques semble limitée. Enfin le recours à un antibiotique peut être nécessaire : soit une fluoroquinolone comme la ciprofloxacine, l’ofloxacine, la levofloxacine, soit un macrolide comme l’azithromycine généralement efficace contre les Campylobacter, soit la rifaximine.
Bien entendu, en cas de persistance des troubles, des examens complémentaires, notamment la recherche de germes et de parasites dans les selles, doivent est pratiqués en vue de mettre en place un traitement spécifique.
La conduite à tenir préconisée par les auteurs de l’article analysé doit être adaptée à la situation française : aucune forme de bismuth à utilisation digestive n’est commercialisée en France ; par contre on trouve un antibiotique non cité par les auteurs anglo-saxons, le nifuroxazide commercialisé sous le nom d’Ercéfuryl* et sous forme de génériques. La rifaximine n’est pas commercialisée en France mais la rifampicine qui a des propriétés antibiotiques identiques mais une absorption intestinale beaucoup plus importante (ce qui n’est pas nécessairement recherché dans le cas présent) pourrait la remplacer. On peut aussi ajouter que le racécadotril, Tiorfan*, Tiorfanor*, a, par un mécanisme différent, des effets qui se rapprochent de ceux du lopéramide ; il est utilisé dans le traitement des diarrhées aiguës.