Un exemple de sérendipité : la découverte de l’acide valproïque à Grenoble vers 1960

 Nous avons déjà parlé de sérendipité dans Pharmacorama, voir 1 et 2.

L’acide valproïque était initialement appelé acide n-dipropylacétique. Sa découverte résulte d’un hasard heureux et de la sagacité de ses découvreurs ; c’était le solvant dans lequel ils solubilisaient certaines molécules supposées actives mais peu solubles dans l’eau. L’acide valproïque, commercialisé sous les noms de Dépakine*, Dépakote*, et Dépamide*, est aujourd’hui un des principaux antiépileptiques et un des principaux régulateurs de l’humeur (troubles bipolaires).

Voici comment les auteurs ont décrit  eux-mêmes dans « Thérapie » en 1963 l’histoire de leur découverte.

« P.Eymard ayant synthétisé une série de dérivés de la khelline en commença dans le laboratoire de G. Carraz une étude pharmacodynamique qui s’avéra difficile par suite de l’insolubilité de ces molécules dans l’eau et les solvants habituels. H. Meunier, Y. Meunier et P. Eymard, dans le service de recherche du laboratoire Berthier, eurent alors l’idée d’essayer la solubilisation de la molécule la plus active, méthylène-cyano-norkhelline, dans l’acide n-dipropylacétique que H. et Y. Meunier utilisent depuis longtemps pour la préparation d’un sel de bismuth employé en thérapeutique. Cette solution révéla certaines propriétés pharmacodynamiques qui évoquaient son éventuelle appartenance au groupe des neuroleptiques. G. Carraz demanda qu’elle fût soumise à une batterie de tests parmi lesquels l’effet protecteur contre la crise cardiazolique. La solution expérimentée montra un pouvoir protecteur net.  Or, H. Meunier constata alors qu’une coumarine qu’il cherchait à solubiliser était également soluble dans l’acide dipropylacétique et que cette solution protégeait aussi le Lapin  contre la crise cardiazolique, ce qui conduisait à penser que la propriété antiépileptique reconnue pour les deux solutions devait appartenir au solvant, soit l’acide dipropylacétique. C’est de cette série de conjonctions qu’est née la connaissance que nous avons maintenant de l’activité antiépileptique de l’acide dipropylacétique

Titre de l’article «  Propriétés pharmacodynamiques de l’acide n-dipropylacétique »

Auteurs : H.Meunier, G. Carraz, Y. Meunier, P. Eymard et M. Eymard.

Publié dans  Thérapie, 1963, XVIII, 435-438

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