Nous avons déjà indiqué dans Pharmacorama le risque de douleur thoracique et d’infarctus du myocarde peu de temps après la prise de cocaïne dont nous avons rappelé les principales propriétés pharmacologiques, voir cocaïne.
Du fait de l’usage illégal croissant de cocaïne, ces cas de douleurs thoraciques et d’infarctus du myocarde se rencontrent de plus en plus fréquemment et un article paru dans Circulation de mars 2008, intitulé « Management of cocaine-associated chest pain and myocardial infarction » fait le point sur la conduite à tenir en leur présence.
Ces troubles, douleur thoracique et infarctus du myocarde, apparaissent généralement dans les heures, essentiellement les 3 premières heures, suivant la prise de cocaïne. Mais les manifestations d’ischémie myocardique peuvent être plus tardives, de l’ordre de 1 à 4 jours, et sont attribuées aux métabolites de la cocaïne.
Devant une douleur thoracique survenant après une prise reconnue de cocaïne, les auteurs recommandent une démarche thérapeutique qui présente 2 particularités par rapport à la démarche classique hors contexte cocaïne, le recours à une benzodiazépine et la non utilisation d’un bêta-bloqueur. La démarche conseillée par les auteurs est la suivante :
- Donner de l’aspirine
- Injecter une benzodiazépine par voie intraveineuse (en France le diazepam, Valium*, à injecter très lentement), qui, parallèlement à son effet anxiolytique, calme la douleur.
- En cas d’hypertension persistante, faire une injection intraveineuse de nitroglycérine ou trinitrine, (une administration en spray buccal, type Natispray*, pourrait peut-être suffire ?)
- Prise en charge classique dans une unité de soins intensifs cardiaques, avec éventuellement pose d’un stent etc… avec cependant une différence : éviter le recours aux bêta-bloqueurs. En effet, les bêta-bloqueurs, même ceux qui ont une composante alpha-bloquante comme le labétolol, n’ont pas d’effets bénéfiques dans les modèles animaux d’intoxication par la cocaïne.
La prise répétée de cocaïne a bien sûr d’autres effets délétères sur le plan cardiovasculaire et sur d’autres plans mais ils ne sont pas abordés ici, pas plus que les modalités de prise en charge de la dépendance à la cocaïne.