Des auteurs américains, dans un article paru dans le BMJ et intitulé « Components of placebo effect : randomised controlled trial in patients with irritable bowel syndrome », ont cherché à décortiquer certaines composantes de l’effet placebo chez les malades présentant le syndrome de l’intestin irritable. Ils ont retenu 262 adultes, dont les trois quarts étaient des femmes, chez lesquels le diagnostic de syndrome de l’intestin irritable avait été porté sur des critères bien déterminés. Les participants ont été répartis en trois groupes, le premier groupe dit en observation (liste d’attente) dans lequel il n’y avait pas d’intervention particulière, le deuxième groupe avait deux fois par semaine une séance d’acupuncture simulée (fausse acupuncture), « froide », sans échanges verbaux, et le troisième avait aussi deux fois par semaine une séance d’acupuncture simulée, « chaude », avec un accueil chaleureux, une écoute attentive, de nombreuses explications… Les résultats portant sur l’amélioration globale, la diminution des douleurs, la sévérité des symptômes et la qualité de vie, ont été évalués au bout de trois semaines puis au bout de six semaines. Par rapport au groupe d’observation, il y a eu dans le deuxième groupe (acupuncture simulée froide) une amélioration statistiquement significative des quatre critères et dans le troisième groupe une amélioration considérable des quatre critères par rapport au premier et au deuxième groupe, notamment en ce qui concerne la qualité de vie.
Cette étude démontre clairement qu’une bonne relation soignant-patient est une des principales composantes de l’effet placebo.
Concernant le syndrome de l’intestin irritable, il y a un article dans le NEJM du 17 avril 2008 intitulé « Irritable bowel syndrome » ; l’auteur, E A Meyer, souligne qu’il est essentiel de reconnaître les symptômes présentés par le malade comme réels et de leur donner une explication physiopathologique reposant sur les relations cerveau-intestin, et de penser en cas de doute à éliminer une cause organique précise ; le traitement pharmacologique est symptomatique, traiter la constipation (laxatif), la diarrhée (lopéramide), les douleurs abdominales (antispasmodique).
Revenons au placebo. Un court article publié dans le JAMA du 5 mars 2008 rapporte une expérience faite chez 82 volontaires sains qui ont subi une stimulation électrique douloureuse avant et après prise d’un comprimé présenté comme analgésique mais en réalité un placebo. Les volontaires étaient répartis en 2 groupes, l’un à qui l’on avait dit que le comprimé valait 2,5 dollars et l’autre auquel on avait dit qu’il valait 0,1 dollar. Le premier groupe, pensant qu’il avait à faire un comprimé coûteux, a ressenti nettement moins la douleur (effet placebo plus important) que le deuxième groupe. Cette expérience montre que « l’estime » que l’on a pour une intervention contribue à son effet placebo.
J’ajoute qu’il est probable que lorsque l’estime s’atténue au cours de la répétition des interventions, l’effet placebo s’atténue lui aussi. A l’inverse on peut penser qu’une défiance pourrait être source d’un effet nocebo.
Voir placebo au cours des essais de médicaments.