Il ne manque pas d’arguments en faveur de la vaccination antigrippale. Citons un tout dernier article : c’est une méta-analyse publiée dans le NEJM du 4 octobre 2007, intitulée « Effectiveness of influenza vaccine in the community-dwelling elderly » rassemblant les données de 18 études qui conclut que la vaccination antigrippale chez des personnes de plus de 65 ans réduit le risque de grippe et de pneumonie de 27 % et celui de la mortalité globale de 48 %. Il s’agit là de résultats indiscutablement favorables.
Même s’il est toujours considéré comme mal vu d’émettre des réticences à l’égard des vaccinations, en particulier la vaccination antigrippale, nous rapportons quelques positions non conventionnelles publiées récemment. Dans une revue de la littérature, intitulée « Mortality benefits of influenza vaccination in elderly people : an ongoing controversy », parue dans Lancet Infect Disease, 2007 ; 7 ; 658-666, L.Simonsen et collaborateurs attirent l’attention sur les faiblesses des arguments démontrant la grande efficacité du vaccin antigrippal chez les personnes âgées. (Voir aussi cet article). Les auteurs insistent particulièrement sur les points suivants :
- L’efficacité de la vaccination antigrippale sur la mortalité, contrairement à ce que l’on peut attendre, n’est pas plus grande lors des pointes d’épidémie de grippe que lors des périodes sans grippe.
- La vaccination antigrippale ne peut pas réduire la mortalité globale, toutes causes confondues, de 50 % puisque la grippe n’est responsable que de 5 à 10 % de cette mortalité.
- La réponse immunitaire à la vaccination antigrippale des personnes âgées de 60 à 70 ans n’est que de 50 % de celle des adultes jeunes, et après 70 ans seulement de 25 %, ce qui explique la faible efficacité du vaccin.
Ces arguments conduisent certains à suggérer une autre politique en matière de vaccination antigrippale : au lieu de vacciner les personnes âgées (chez lesquelles le risque de mortalité d’origine grippale est certes très grand) qui répondent mal au vaccin, il vaudrait sans doute mieux vacciner les enfants et les transmetteurs de la maladie comme les médecins et les infirmières.