Quelques livres anglais concernant la sérendipité en médecine existent déjà. Il me paraît utile de signaler la sortie en 2007 d’un nouveau intitulé : « Happy Accidents, Serendipity in modern medical breakthrougs, When scientists find what they are not looking for » que je traduirais par « Hasard heureux, la Sérendipité dans les avancées médicales modernes, Quand les scientifiques trouvent ce qu’ils ne cherchaient pas ».L’auteur est Morton A. Meyers. L’ouvrage fait près de 400 pages.
Ce livre commence par une illustration de Daumier, Monsieur Babinet et sa comète, qui mérite réflexion !
Le terme de sérendipité s’applique aux découvertes faites par hasard et par sagacité et vient d’un conte d’un auteur anglais, Thomas Walpole, intitulé « The Three Princes of Serendip » qui faisaient des découvertes par hasard et par sagacité et trouvaient ce qu’ils ne cherchaient pas.
L’ouvrage de Morton A. Meyer montre de multiples exemples de découvertes essentielles en médecine faites par des chercheurs souvent isolés, dans un domaine contigu de leur axe de recherche initial, à partir d’un fait particulier, un hasard heureux, qu’ils ont su saisir. Les exemples analysés touchent divers domaines de la médecine (comme la découverte d’Helicobacter pylori), et surtout celui des médicaments. L’histoire de chacune de ces découvertes est très instructive. L’auteur cite par ailleurs quelques lignes de Chain (co-découvreur de la pénicilline avec Fleming et Florey) qui disent à peu près ceci : n’ayons pas la naïve illusion de penser que des questions comme le cancer ou les maladies mentales seront résolues par des structures de recherche bulldozériennes…
La conclusion générale de l’auteur est la suivante : pour qu’un projet de recherche, puisse être reconnu digne d’intérêt par les diverses instances publiques et privées qui l’évaluent et éventuellement le subventionnent, il doit être conforme à la pensée dominante du moment ; ce qui revient à dire qu’il n’a pratiquement aucune chance d’apporter quelque chose de vraiment nouveau, à moins qu’il n’y ait dans l’équipe de recherche un déviant (rôle de l’individu par rapport au groupe) apte à saisir, à partir d’un indice souvent mince, l’opportunité de prendre un chemin non balisé. L’auteur déplore par ailleurs que l’industrie pharmaceutique dépense plus dans la promotion des ventes et dans la fabrication de copies, me-too, que dans la recherche de véritables innovations.
La leçon qui me semble devoir être tirée de la lecture de cet ouvrage au niveau français est que notre tendance à l’organisation centralisée et aux grands « plans » est sans doute nécessaire pour les projets industriels mais probablement pas adaptée à la recherche biomédicale.
Nous avons récemment parlé dans Pharmacorama de la recherche biomédicale française.