Un chapitre de Pharmacorama, écrit il y a quelques années, est intitulé « Médicaments, lipides et athérome ». On y trouve une vue d’ensemble sur les lipides et les hypolipémiants, notamment les statines. On y trouve de plus l’analyse de plusieurs articles publiés entre 2001 et 2007 concernant les statines, montrant leurs effets bénéfiques et aussi quelques interrogations concernant certains résultats.
Une sorte d’unanimité des médecins et des malades concernant l’intérêt de la prescription à tout un chacun d’une statine s’est établie si bien que prescrire et prendre une statine est un geste banal. Trop sans doute ?
Dans ce contexte consensuel, la sortie du livre du Docteur Michel de Lorgeril intitulé « Dites à votre médecin que le cholestérol est innocent, il vous soignera sans médicament », éditions Thierry Souccar, prix 20 euros, devrait être une source de réflexions sur les habitudes de prescription. Tout au long de son ouvrage de 400 pages l’auteur montre la faiblesse de l’hypothèse mettant en cause la responsabilité du cholestérol dans les accidents cardiovasculaires et la faiblesse des arguments justifiant la large prescription des statines. En contrepartie, Lorgéril préconise des modifications du mode de vie, en particulier un régime alimentaire se rapprochant du régime dit méditerranéen.
Je conseille vivement aux médecins l’acquisition de cet ouvrage qui coûte moins que le prix d’une consultation, il sera sans doute plus utile même s’il ne rapporte pas de « bons points » que certaines séances de FMC. Beaucoup de malades le liront certainement et poseront des questions.
Des controverses bien argumentées font plus progresser la médecine que les consensus acceptés passivement.
Post-scriptum : Atorvastatine
Les Annals of Internal Médicine du 3 juillet 2007 viennent de publier un article intitulé « Outcomes of using high- or low-dose atorvastatin in patients 65 years of age or older with stable coronary heart disease » qui compare les effets de 2 doses d’atorvastatine, 10 mg et 50 mg par jour chez des malades de 65 ans ou plus ayant des antécédents cardiovasculaires, pour les trois-quarts des hommes. L’étude a été menée pendant près de 5 ans.
Les résultats sont déconcertants : la conclusion du résumé en faveur du traitement intensif par 80 mg ne trouve guère de justification dans le texte puisqu’il n’y a aucune différence statistiquement significative dans les paramètres étudiés pris isolément et surtout que la mortalité globale toutes causes confondues a été la même. Par ailleurs les groupes atorvastatine n’ont pas été comparés à un groupe témoin sans statine.