Nous avons précédemment analysé un article paru dans le Lancet du 15 octobre 2005, concernant le risque de cancer de la bouche et la prise d’AINS.
Il ne faut pas tenir compte des résultats de cet article car le principal auteur, J.Sudbo, aurait tout simplement "inventé, fabriqué" les malades répertoriés dans l’étude. Le Lancet du 21 janvier 2006 promet de donner de plus amples informations à ce sujet, dès que possible.
Après l’affaire Hwang et ses tentatives de clonage humain, ce truquage de résultats concernant les AINS conduit à se poser la question de la fiabilité des revues médicales et scientifiques internationales. On a tendance à mettre en cause les conflits d’intérêts concernant l’industrie pharmaceutique et l’industrie alimentaire, ce qui généralement sous-entend des intérêts financiers. Les deux exemples précédents montrent que la renommée que l’on peut tirer d’une publication internationale peut conduire à quelque liberté avec les faits réels.
Il faut donc regarder les informations qui nous arrivent avec un esprit critique, et éventuellement une certaine méfiance. Les grandes revues internationales restent malgré tout le moyen le plus sûr de transmettre des informations parce qu’elles les filtrent et surtout parce qu’elles sont publiques et que les lecteurs ont la possibilité d’intervenir. Les erreurs ou les fautes graves seront détectées tôt ou tard. Par ailleurs, les revues internationales ont intérêt à éviter la répétition de telles bévues mettant en cause leur crédibilité.
Finalement, la chose la plus difficile à contrôler, ce n’est pas un article particulier rapportant des faits mais la rumeur, plus insidieuse, créée par l’ensemble des médias conduisant à des modes, éventuellement des consensus, avec glissement du sens des mots (classer les médicaments par génération, réserver le terme d’antipsychotiques à certains neuroleptiques, etc).